Whaligoë
Tome 2
Scénario : Yann
Dessins : Virginie Augustin
Couleurs : Fabien Alquier
Casterman, collection Univers d'auteurs
Combat de coqs
Immobilisé en Écosse dans la bourgade isolée de Whaligoë, le couple désuni formé par l’écrivain londonien Douglas Dogson et sa maitresse Speranza continue à se heurter au mystère d’Ellis Bell, ce mystérieux auteur à succès qui vivrait là, mais dont ils ne parviennent pas à percer l’identité réelle. Or Branwell, personnage vaniteux et brutal prétend être le véritable Ellis Bell…
Avec le diptyque Whaligoë, Yann et Virginie Augustin revisitent l'univers des écrivains anglais du début du XIXème siècle, période du Romantisme et qui vit aussi naître le roman gothique avec le Frankenstein de Mary Shelley, notamment. Certains auteurs et poètes eurent des existences dignes de leurs romans, et l'aventure vécue par un Douglas Dogson en panne d'inspiration et l'explosive Speranza, lettrés londoniens coincés dans un bled écossais perdu s'inscrit bien dans cette tendance.
Au-delà du mystère entourant la véritable identité d'Ellis Bell, cette situation en elle-même constitue le coeur de l'album. Le contraste entre les poses de dandy de Dogson et la population locale, y compris l'inquiétant Branwell, et les querelles incessantes avec sa compagne toxicomane et paranoïaque (fiel ou venin ?) offrent une dimension toute différente aux péripéties de l'intrigue. Le scénariste s'en donne ainsi à coeur joie dans ses dialogues, ciselés et jubilatoires, au travers desquels s'exacerbent tensions et sentiments. L'essence du récit est pourtant dramatique, comme le rappelle son dénouement.
Comme dans le tome 1, le dessin de Virginie Augustin démontre un beau dynamisme et conjugue expressivité et spontanéité. Il est bien secondé par les couleurs de Fabien Alquier. On regrettera juste que quelques cases, parfois, puissent paraître un peu trop vides.
Nous ne nous prononcerons pas quant à l'intérêt touristique du village de Whaligoë, mais l'aventure qui s'y déroule mérite, pour sa part, le détour. On appréciera son originalité et l'univers qu'il explore, peu exploité en BD.