Auracan » chroniques » Les Échos invisibles - Tome 2
Les Échos invisibles - Tome 2, par Tony Sandoval, Grazia La Padula, collection Calamar (Paquet)

Les Échos invisibles

Tome 2

Scénario : Tony Sandoval
Dessins et couleurs : Grazia La Padula

Paquet, collection Calamar

Grosse pomme amère

On pourrait presque parler de deuxième époque pour ce second volet du diptyque Les Échos invisibles, tant il correspond au second versant de leur histoire.

En effet, c'est à New York que nous retrouvons Baltus, le photographe et son don mystérieux. Il est venu y rejoindre Angela la journaliste qui l'a tiré de son isolement. Mais ses visions et ses fantômes ne l'on pas libéré pour autant. On plonge donc dans l'univers fantastique de Tony Sandoval, qui assure ici scénario et storyboard, pour une balade étrange et inquiétante dans Big Apple. Inquiétante car le répit offert à Baltus se désagrège peu à peu. S'il retrouve un semblant de vie sociale, ou même sentimentale, ses spectres, eux aussi, se réveillent et semblent se tourner vers Hugo, le petit garçon de Rachel, amie d'Angela.

Contournant les habituels clichés de du genre, Tony Sandoval construit son histoire sous forme de douce, poétique mais insidieuse glissade. Un choix conduisant à un aboutissement qui semble ainsi peut-être plus encore inéluctable.

Côté dessin, Grazia La Padula signe un véritable petit bijou. Son trait fragile transmet à la fois la douceur apparente, les émotions, les peurs et le désespoir qui n'ont jamais quitté Baltus. Ses images évoquent parfois certaines oeuvres de peintres symbolistes ou surréalistes, mais il est vrai que le récit qu'elles illustrent pourrait aisément s'apparenter à ce courant. De plus, le changement de décor induit par cette arrivée aux USA permet de découvrir une nouvelle facette de son talent, notamment à travers ses vues de New York (où l'on croise aussi Moebius, le temps d'une case, à Central Park). La tonalité générale de la palette des couleurs suit l'évolution l'intrigue. La chaleur des débuts, de ce qui semble un nouveau départ, cède peu à peu la place à des tons plus ternes, plus froids.

Avec Les Échos invisibles, Tony Sandoval et Grazia La Padula nous amènent à associer des termes qui semblent antinomiques. Le fantastique peut-il être aussi délicat ? La douceur peut-elle sembler tellement inquiétante ? La poésie peut-elle se teinter d'angoisse ? Le produit de ces drôles de formules est une oeuvre inclassable, hors-normes, mais dont on apprivoise l'ambigüe séduction !

Partager sur FacebookPartager
Pierre Burssens

Pour en savoir plus : The secret place, le blog de la dessinatrice

13/03/2014