
Millenium
Tome 3
Scénario : Sylvain Runberg d'après Stieg Larsson
Dessins : Man
Couleurs : Gérard et Vernay
Dupuis
Lisbeth
La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette constitue le second volet du triptyque Millenium de Stieg Larsson. On y apprend beaucoup sur les origines de l'énigmatique Lisbeth Salander qui, à nouveau, croise la route du journaliste Mikael Blomkvist enquêtant sur le trafic d'êtres humains pour le magazine Millenium. Au sein de la trilogie, il s'agit certainement de l'épisode le plus violent, le sombre y faisant plus d'une fois place au carrément sordide.
Côté BD, Dupuis consacre deux albums à chacun des trois pavés de Stieg Larrson. Sylvain Runberg assure l'adaptation et le scénario de l'ensemble, mais chaque diptyque est confié à un dessinateur différent, sous la supervision de José Homs, qui a illustré les deux premiers albums et donc défini la charte graphique de la série (il signe également la couverture de ce tome 3). Un autre dessinateur ibérique, Man (Manolo Carrot) reprend ainsi cette première partie de La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette en tentant de rapprocher son dessin de celui de José Homs. La tâche est difficile, tant ce dernier a démontré la virtuosité de son trait sur Les hommes qui n'aimaient pas les femmes. Man (Le Client, En sautant dans le vide) s'y applique, mais s'y force aussi. Résultat : l'ensemble reste assez convaincant, mais manque souvent de constance, notamment au niveau de l'encrage.
Heureusement, Runberg poursuit, de son côté, un excellent travail d'adaptation. Le deuxième roman de Stieg Larrson comporte plus de scènes d'action que le premier, et comme le scénariste doit condenser le propos de l'écrivain, ou plutôt en garder l'essentiel pour le faire correspondre à un format BD, c'est à un train d'enfer que cette soixantaine de pages emporte le lecteur. Ce rythme effréné n'était pas la caractéristique principale du roman et se voit renforcé par un découpage extrêmement dynamique et des cadrages parfois vertigineux. Revers de la médaille, ceux qui n'ont pas lu la trilogie de Larsson devront probablement attendre le prochain tome pour établir rapports et chronologie entre de courtes séquences se déroulant dans des lieux et à des périodes différentes. Mais au vu de la complexité de l'intrigue de base, on peut déjà parler de petit exploit pour le scénariste.
Bien qu'un cran en-dessous des deux précédents, ce nouvel album ne dément pas la réussite d'une adaptation dont le projet pouvait, au départ, paraître hasardeux. Et puis, en pages ou en images, Lisbeth Salander reste quand même un formidable personnage !