
Wormworld saga
Tome 1 : Le voyage commence
Scénario, dessins et couleurs : Daniel Lieske
Dupuis, collection Tous publics
La forêt de l'Olynx
Wormworld Saga est d'abord né sur le web. Daniel Lieske y a en effet développé son vaste récit aux graphismes étonnants, qui peu à peu a attiré plus d'un million de lecteurs-fans originaires du monde entier. Certains de ceux-ci ont assuré la traduction des épisodes relatant les aventures de Jonas dans leurs langues, assurant encore une ampleur accrue au véritable phénomène.
Dupuis a choisi de porter sur papier le voyage magique imaginé par l'artiste numérique allemand. On peut aujourd'hui le découvrir dans séduisant petit album de 128 pages rassemblant les 3 premiers chapitres de cette saga fantastique orientée vers la jeunesse, complétés par un très intéressant dossier à mi-chemin de l'art-book et du "making of".
Côté récit, on est en terrain balisé. L'étrange tableau que Jonas découvre dans le grenier de sa grand-mère fait évidemment penser à Narnia, alors que Daniel Lieske glisse quelques références à d'autres classiques de l'imaginaire dans son histoire. L'école de Jonas porte ainsi le nom de Michael Ende, l'auteur de L'histoire sans fin, alors que les singes volants évoqués par le petit héros dans ses jeux ramènent à l'univers du Magicien d'Oz. Mais ce qui surprend le plus est incontestablement le traitement graphique somptueux de l'histoire. Entièrement réalisé avec les logiciels Photoshop et Pixologic Zbrush, celui-ci nous offre des images hors du commun, parfois grandioses, aux couleurs éclatantes. La technologie employée n'est, ici, jamais synonyme de froideur, et l'on va de découverte en découverte. Assez curieusement, c'est du travail d'un autre dessinateur allemand, Thomas von Kummant (Gung Ho - Paquet), que l'on pourrait rapprocher le traitement de Wormworld saga.
Le dossier enrichissant l'album est passionnant. Peut-être est-ce la conséquence du "digital", mais on a parfois l'impression, en le lisant, de parcourir le making of d'un film d'animation des studios Pixar ou Dreamworks. On y découvre le remarquable boulot de l'auteur pour traduire son luxuriant univers en images, mais aussi pour le construire et le développer avec cohérence. Les plus jeunes suivront volontiers Jonas dans un voyage plein de surprises et de trouvailles, les autres apprécieront cette chatoyante curiosité et l'aventure de sa création.
Non, l'éditeur de Spirou ne se repose pas sur les lauriers de son (riche) patrimoine !