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Le Temps perdu, par Rodolphe, Vink (Daniel Maghen)

Le Temps perdu

Scénario : Rodolphe
Dessins : Vink
Couleurs : Vink et Cine

Daniel Maghen

Au détour d'une faille temporelle

Un auteur de bandes dessinées, qui apprécie les chemins buissonniers pour rompre la « monotonie » d'un après-festival, s'arrête dans un hôtel de bord de route le temps d'une nuit, histoire de faire une pause avant le retour à son domicile. Une image accrochée au mur de sa chambre l'attire par son côté familier et l'entraîne dans un ailleurs qui le trouble. Voilà pour le thème du nouvel opus de Vink, qui fait appel, pour la première fois de sa déjà longue carrière d'auteur, à un scénariste chevronné, Rodolphe.

Ce dernier a particulièrement soigné son scénario pour donner à l'auteur vietnamo-belge une histoire à sa mesure, tout à la fois réaliste et fantastique, cheminant dans les méandres d'une nature généreuse et chaude, et plongeant d'une case à l'autre dans un autre ailleurs. Rodolphe crée une mise en abîme vers des souvenirs enfouis au plus profond de l'acteur principal de cette histoire, et l'image au mur agit telle une madeleine de Proust. Il faudra du temps et l'aide de l'hôtelière, charmante et un peu seule, pour réveiller un passé enfoui, douloureux, et en ressortir grandi. L'amour en plus. Vink, pour sa part, au sommet de son art, réussit une belle mise en scène avec cette sensibilité qui lui est propre, Cine le complétant avec toujours ses couleurs chatoyantes tout en lumière(s) et dégageant une douceur fort enviable.

Il est aussi amusant de noter que cet album traite de ce sujet ô combien cher aux auteurs de bandes dessinées : c'est l'un des leurs à l'œuvre dans ces pages, qui s'interroge sur son métier, sa solitude du dessinateur de fond, les festivals qui s'enchaînent dans toutes les villes du pays, une course permanente qui ne permet que rarement de prendre du temps pour lui-même. Plus connu pour les cimaises de sa galerie spécialisée BD, son terrain de jeu habituel, Daniel Maghen enrichit son parcours d'éditeur avec un album de très belle facture. Une manière également de travailler différemment la déjà longue relation avec Vink, la première exposition de ce dernier dans sa galerie remontant à 2008.

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Mickael du Gouret

Du même scénariste :

Celui qui n'existait plus, par Rodolphe, Georges Van Linthout Stevenson, le pirate intérieur, par Rodolphe, René Follet La Bête de l'Apocalypse, par Rodolphe, Lucien Rollin
11/06/2014