Virginia
Tome 2 : Delirium tremens
Scénario : Séverine Gauthier
Dessins et couleurs : Benoît Blary
Casterman
Au bout de la folie
En pleine guerre de Sécession, Doyle, un déserteur sudiste tue plusieurs soldats qui s’apprêtaient à pendre une enfant noire. Alcoolique et morphinomane, assailli par des crises d’hallucinations de plus en plus violentes, Doyle fuit un souvenir obsédant : lors d’une mission il a abattu de sang froid une petite fille en même temps que son père, un général yankee. Depuis, Doyle est hanté par le fantôme de sa jeune victime. Emprisonné pour le meurtre des soldats qu’il vient d’abattre, il est libéré par un commando d'anciens esclaves noirs réfugiés dans les bayous. Or, la petite fille qu'il a sauvée semble partager ses visions.
Western ? Récit de guerre ? Histoire fantastique ? il y a un peu de tout cela dans l'itinéraire halluciné et hallucinant de ce tireur d'élite imaginé par Séverine Gauthier. Dans ce tome 2 (qui porte bien son titre !), aux horreurs de la guerre de Sécession se superposent les horreurs des abîmes intérieurs de ce soldat drogué et alcoolique, ce qui aboutit à certaines scènes fort impressionnantes restituées avec réussite par le dessin et les aquarelles de Benoît Blary.
Celui-ci s'octroie d'ailleurs quelques pleines pages et même doubles pages qui nous font accéder à l'esprit torturé du principal protagoniste. Cette mise en image expressioniste est suffisamment forte pour permettre une impasse sur les dialogues sur de nombreuses planches. Revers de la médaille, voilà qui laisse une impression de "vite lu" pour un tome qui n'est pourtant en aucun cas facile ou léger. Mais peut-être cela évite-t-il au lecteur de plonger trop profondément dans l'univers violent et nauséeux de Doyle...
Éprouvant, ce second volet d'un triptyque propose cependant assez de rebondissements pour que l'on ait envie d'en savoir plus et de connaitre la destination du personnage principal dans ce qui ressemble décidément pour lui à un voyage au bout de l'enfer ou de la folie. Âmes sensibles s'abstenir.