Jeux sans frontière

Scénario, dessins et couleurs : Ptiluc

Paquet

Même bien blanches les dents grincent !

Ptiluc a régulièrement sillonné l'Afrique à moto. À partir du souvenir de rencontres avec des membres d'organisations humanitaires sur le terrain, d'expatriés, de différentes lectures sur le sujet, il nous livre une chronique africaine très "blanche" vue par le petit bout de la lorgnette, ou peut-être à travers le viseur d'une kalachnikov. En effet, l'humour cynique du créateur de Pacush blues tire en rafale et qui n'est pas noir sur les terres africaines n'est certainement pas plus blanc que blanc.

D'une aide humanitaire inadaptée aux souvenirs du Congo, colonie belge, en passant par des reporters prêts à tout pour un bon sujet, et à le construire s'il le faut, ou encore par les visites de stars ambassadrices de l'Unicef ou autres organismes, Ptiluc dresse un constat qui donne à réfléchir. Il dénonce avec un rire grinçant les dérives des "bonnes intentions" confrontées aux intérêts des marchands d'armes, exploitants miniers, trafiquants ou dictateurs en devenir. On y croise aussi Corto Maltese, Kush et Bouche dorée, mais elle semble bien éloignée, l'Afrique des Ethiopiques et d'un Hugo Pratt nourri par les poètes.

Politiquement incorrect, Jeux sans frontière dérangera peut-être certaines mauvaises consciences, on le lui souhaite. Jusqu'à maintenant Ptiluc utilisait ses célèbres rongeurs ou autres occupants de son improbable bestiaire pour démontrer les travers de notre société. On évoquera sans doute la caricature pour ces Jeux sans frontière, mais le propos de l'auteur ne passe cette fois plus par l'allusion et aborde le lecteur et le sujet de manière frontale. L'album na pas trouvé éditeur facilement, il ne s'agit probablement pas d'un hasard.

Jeux sans frontière secoue, mais le fait à bon escient !