Le Phalanstère du bout du monde Scénario : Corbeyran Dessin : Bouillez Delcourt, collection Encrages

Le petit Jean n'avait que sept ans lorsqu'il franchit avec ses parents les portes du Phalanstère, une école qui devait parfaire son éducation. Le fiacre repassa les grilles du sordide établissement, emmenant père et mère. Jean ne devait plus jamais les revoir...
Désormais, sa vie serait faite de cours magistraux, d'infâme et insipide "touille" servie à tous les repas, de brimades continuelles, d'horribles cauchemars... Toute sa vie, il serait le "nouveau", prisonnier de ce temple voué à l'éducation, ramant sans relâche avec ses petits camarades de cours pour alimenter en courant l'unique lampe de la classe.

Corbeyran nous livre ici un scénario bien singulier. Derrière cette histoire cauchemardesque se cache un récit philosophique. On apprend ainsi que Le Phalanstère, avant d'être ce lieu absurde et violent, avait un objectif louable : la recherche du bonheur. Mais à force de vouloir le bonheur des hommes à tout prix, le système a basculé dans le totalitarisme.

Le graphisme d'Amaury Bouillez a très bien épousé le côté très sombre de l'histoire, en jouant avec les contrastes du noir et blanc.

Alors qu'on le referme, cet étonnant album de plus de 120 pages laisse une impression assez bizarre qui pousse à le reprendre, à le feuilleter, à le relire... pour bien saisir toute la portée des éléments développés à travers cet univers impitoyable.