Algérie, 1962. L’indépendance est pour
bientôt. Alain, employé d’une compagnie
d’assurance, sait qu’il va devoir suivre le même
chemin que le reste de sa famille, quitter son paradis pour
les rejoindre en France. Le soleil, la mer tiède,
les plages de Bab-el-Oued… Tout cela ne sera plus qu’un
souvenir.
Quand le pied-noir arrive à Paris, avec,
pour seul bagage, le chien de sa sœur, sa femme vient
de mettre au monde Jeanne. C’est une nouvelle vie qui
s’ouvre à lui… Une vie bien difficile à accepter.
Une vie faite de grisaille et de moqueries…
Servi par le dessin sensible et les couleurs habillement
choisies de Tronchet, le récit imaginé par
Anne Sibran est très touchant. Il décrit avec
beaucoup de justesse le déchirement vécu par
cette famille chassée d’Algérie par l’indépendance.
Tous ont perdu une partie d’eux-mêmes en quittant
ce pays. Ils vivent de souvenirs heureux ou malheureux, dans
un environnement qui ne leur convient pas. Ils s’accrochent à leur
passé pour tenter de supporter leur présent.
Jeanne, née en France, est la narratrice de cette
histoire. Elle sert de filtre aux souvenirs de son père,
sa mère, sa tante et sa grand-mère. Elle pose
un regard émouvant sur tous ces protagonistes qui
resteront toujours des étrangers dans cette patrie
qui les a déracinés…
Notons que ce récit est l’adaptation libre de
Bleu-figier, un roman paru chez Grasset en 1999, et signé Anne
Sibran. |