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La Chute d'un ange, par Didier Daeninckx, Mako (Casterman)

La Chute d'un ange

Scénario : Didier Daeninckx
Dessins : Mako
Couleurs : Domnok

Casterman

Intérêts supérieurs

Printemps 1948 en grande banlieue parisienne. Le cadavre d’un enfant fugueur d’une douzaine d’années est retrouvé dans une carrière qui jouxte un orphemlinat. En apparence, une chute accidentelle est à l’origine du décès. Mais les marques d’une sévère correction sur le corps du gamin posent question… Peu de temps après, à Paris, Philippe Crélard, patron de l’un des plus grands quotidiens du pays, est assassiné chez lui. Tout indique un crime de rôdeur. La pompe de ses funérailles, en présence de la quasi-totalité du gouvernement, souligne l’influence exceptionnelle du défunt. Menée par le commissaire Pasquet, l’enquête de routine sur le décès de Crélard laisse entrevoir un portrait peu flatteur. Pire, on s'aperçoit aussi que ces deux morts semblent liées...

Outre ses nombreuses incursions dans la BD, Didier Daeninckx est, ne l'oublions pas, l'un des piliers du polar et du roman noir made in France. Cela se sent dans cette Chute d'un ange, histoire policière "à la française" se déroulant après-guerre, dans un pays où les mentalités sont encore marquées par le conflit, et où le proche passé des personnages pèse de tout son poids.

Partant de ce qui aurait pu n'être qu'un fait divers, l'auteur construit une solide histoire que l'on découvre progressivement liée aux plus hautes sphères de la société, si pas de l'État. L'écrivain, engagé, introduit fréquemment dans ses romans une critique sociale et politique et on retrouve ici encore ses préoccupations. Le scénario est efficace, et le lecteur ne peut soupçonner dans les premières pages la direction et l'ampleur que vont prendre l'intrigue.

Le découpage est classique, mais émaillé de quelques trouvailles, comme ces images de la guillotine déclinées au cours d'un procès dont on devine l'issue réglée d'avance. Mako (Lionel Makowski) privilégie les grandes cases. De quoi particulièrement apprécier les ambiances urbaines et nocturnes que son dessin recrée avec talent, bien soutenu par les couleurs de Domnok, à l'image de la très belle couverture de l'album.

Les amateurs de "noir" apprécieront ce one-shot réussi et son histoire dont on ne prend la mesure complète du machiavélisme qu'à la toute dernière planche. Une réussite dans le genre !

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Pierre Burssens

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12/09/2014