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Le Tueur - Tome 13 : Lignes de fuite, par Matz, Luc Jacamon (Casterman)

Le Tueur

Tome 13 : Lignes de fuite

Scénario : Matz
Dessins et couleurs : Luc Jacamon

Casterman

La boucle est bouclée

Marqué par la mort de son comparse Mariano, le Tueur s’abandonne à l’introspection au fil de quelques semaines d’errance en Amérique Latine, au hasard de ses impulsions. Jouer le jeu de la légalité et s’investir davantage aux côtés de son associé Haywood dans la compagnie pétrolière cubaine Petroleo Futuro Internacional ? Tenter de se faire oublier une bonne fois pour toutes dans la forêt, avec sa compagne et son fils ? Or, même au coeur de ce sanctuaire, une menace rôde pour lui et pour sa famille. Rattrapé par son passé violent dans la capitale chilienne, en la personne de deux agents secrets français, ce solitaire absolu n’aura d’autre choix que de poursuivre le chemin qu’il s’est lui-même tracé bien des années auparavant.

En 1998, c'est par un long monologue que débutait le tout premier album du Tueur, Long feu. Celui-ci nous faisait découvrir le parcours d'un tueur professionnel glacial, à la philosophie nihiliste. A priori, rien pour faire de ce personnage un héros de BD que l'on prendrait plaisir à suivre et à retrouver à chaque nouvelle parution. Pourtant si, les talents associés de Matz et Luc Jacamon allaient accomplir cette prouesse d'un épisode à l'autre. Peut-être aussi parce que cette "philosophie de la mort", plutôt que de la vie, on en a, avouons-le, des bribes en chacun de nous. 16 ans plus tard, le Tueur tire sa révérence dans un album constitué pour une bonne part d'un long monologue. La série s'achève, la boucle est bouclée, et on peut se demander si, malgré tout, dans l'amertume et, oui, disons-le, l'espèce de nostalgie exposée ici par ce redoutable "héros", ne peut être perçue comme un regret de la part de ses auteurs.

Ceux-ci choisissent de l'abandonner dans les décors somptueux de la Terre de Feu. Lui, le prédateur, est, quelque part devenu une proie, et les Lignes de fuite qui se prêtent au titre de ce 13ème et ultime opus sont devenues pour lui la seule solution. Certains bien-pensants qualifiaient la série d'immorale, pourtant elle est là, sa morale. Le Tueur vivait dans l'illusion d'échapper à un système, pourtant il en fait partie, même si les rouages qui régissent la branche à laquelle il appartient ressemblent aux lois de la jungle.

Graphiquement, Luc Jacamon se surpasse dans cet album d'adieu, tant dans son dessin que dans ses découpages, et c'est en beauté que l'on salue ce personnage que l'on apprécie mais dont on n'a aucune envie de croiser la route. So long Tueur, on t'aimait bien même si ça peut te surprendre. Ton album porte le chiffre 13, et dire que ça pourrait même te porter bonheur !...

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Pierre Burssens

Dans la même série :

Le Tueur - T11: La suite dans les idées, par Matz, Luc Jacamon Le Tueur - T12: La Main qui nourrit, par Matz, Luc Jacamon

Du même scénariste :

Le Dahlia noir, par Matz avec David Fincher d'après James Elroy, Miles Hyman Nuit de fureur: d'après l’œuvre de Jim Thompson, par Matz, Miles Hyman

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19/09/2014