
Modigliani
Prince de bohème
Scénario : Laurent Seksik
Dessins et couleurs : Fabrice Le Henanff
Casterman
Génial artiste incompris de son époque
Modigliani est le journal d'un écorché vif, d'un immense artiste qui est assurément né trop tôt pour vivre la légitime notoriété qu'on lui reconnaîtra lorsqu'il sera six pieds sous terre.
Décrié par la presse, il est vilipendé par un peuple parisien englué dans une pudibonderie primaire et qui n'a pas compris que ces nus étaient terriblement novateurs. On rajoutera une santé des plus fragiles, qu'il n'arrangera pas dans ses délires de drogues et d'alcools divers et l'on a, hélas, la vision assez catastrophique de sa condition. Son aveuglement vis-à-vis de son entourage, entre sa compagne Jeanne, muse et amante qui lui est entièrement dévouée et Léopold Zborowski, son agent qu'il a pris en grippe, alors que celui-ci le porte à bout de bras, révèle un artiste tourmenté, en quête de reconnaissance. Qu'il est difficile d'être un artiste incompris dans un Paris plus préoccupé par la guerre que par ses peintures...
Le scénariste Laurent Seksik brosse avec justesse les ultimes années de la vie de l'artiste, alors qu'il se détruit à petit feu. Les dialogues sont bien rythmés et l'on a l'impression de voir dérouler le film de ses derniers automnes, remarquablement mis en images par le dessinateur Fabrice Le Hénanff. S'immiscer dans la peau d'un artiste peintre est particulièrement difficile et Fabrice Le Hénanff a su, avec ses peintures, rendre le récit des plus plausibles et des plus vivants. Dans un premier temps, l’album se lit d'une traite tellement les auteurs ont donné envie d'en savoir plus et dans un deuxième temps, il demande à être relu pour s'attarder sur les cases particulièrement réussies.
Un très bel album à découvrir.