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Mc Queen - Tome 1 : Trois petits singes 1/2, par Emilio Van Der  Zuiden (Paquet)

Mc Queen

Tome 1 : Trois petits singes 1/2

Scénario et dessins : Emilio Van Der Zuiden
Couleurs : Fabien Alquier

Paquet

Le macaque

New York, 1967. Lors d’une séance de psychanalyse, le détective privé McQueen (qui souffre de troubles psychologiques), revient sur sa dernière enquête...  Un antiquaire nommé De Crécy, colonel à la retraite, l’a chargé de retrouver sa nièce, Millie. Elle se serait enfuie avec François Bonnard, secrétaire de son oncle, en emportant une précieuse statuette. Hanté par une autre affaire, le détective charge son associé, Pépé Fregasol, de débroussailler le terrain. Le soir même, la police lui annonce que Fregasol et Bonnard ont été retrouvés assassinés dans une chambre d’hôtel de Chinatown...

On le connaissait sous le label Calandre, avec Les Enquêtes auto de Margot et Les Filles de l'oncle Bob, mais c'est dans un tout autre registre que l'on retrouve Emilio Van Der Zuiden. Les trois petits singes nous entraînent en effet dans un polar musclé et efficace, jouant avec nombre de clichés du "noir" pour notre plus grand plaisir. L'auteur y démontre encore une fois son talent à croquer les courbes féminines et automobiles, mais aussi bien plus que ça. L'enquête que suit le torturé mais attachant McQueen est prenante et menée tambour battant, avec, pour le lecteur, une bonne dose de recul et d'humour. Ainsi, le pittoresque Pépé Fragasol (que l'on retrouve après son assassinat sous forme de fantôme !) n'est pas sans rappeler le Huggy les bons tuyaux de la série télé (vintage) Starsky et Hutch. Evidemment, c'est le genre de "relation" qui ne s'explique pas vraiment et qui, avec des fantômes du passé, des méthodes expéditives et un physique euh... un rien simiesque, peut conduire le plus endurci des privés sur le divan d'une (pulpeuse) psychanalyste.

Graphiquement, la surprise est de taille. Le dessin d'Emilio Van Der Zuiden est précis, soigné, encré avec talent et solidement soutenu par les belles couleurs de Fabien Alquier. Mais au-delà, le travail mené sur le découpage des planches est vraiment étonnant, rempli d'audace et d'inventivité. Grandes cases découpées en plusieurs, successions de nombreuses petites cases carrées et muettes, très très gros plans, planches au sens de lecture inversé (de bas en haut), double planche à lire de la gauche de la première page à la droite de la seconde, l'auteur donne l'impression de recréer sa BD à chaque page. Cela pourrait nuire au récit, il n'en est rien. Au contraire, la lecture y gagne un aspect ludique, et on en vient presque à se demander, en tournant une page, ce que l'auteur aura trouvé pour caractériser la suivante.

Ajoutons-y une grosse influence "comics", la disparition du blanc en bord de planches et entre les cases (remplacé par du noir) et on tient là à la fois un polar original et enthousiasmant et un album qui l'est tout autant. Gageons que l'auteur parviendra à cultiver toutes ces qualités et à nous surprendre encore avec la suite, que l'on attend déjà avec impatience.

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Pierre Burssens

Pour en savoir plus : le blog du dessinateur

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26/10/2014