
Les Tuniques bleues
Tome 58 : Les Bleus se mettent au vert
Scénario : Raoul Cauvin
Dessins : Willy Lambil
Couleurs : Leonardo
Dupuis
Des pommes, des poires et des Tuniques bleues
Une épidémie de scorbut sévit au sein des troupes unionistes. Pour enrayer cette maladie, une seule solution : consommer des fruits et des légumes frais, mais pour cela, il faut pouvoir s'approvisionner. Et c'est précisément là que le bât blesse : les lignes ferroviaires, sabotées pour mettre l'ennemi en difficulté ne sont plus utilisables pour acheminer du ravitaillement. Face à la gravité de la situation, Chesterfield et Blutch sont missionnés pour aller chercher, à l'arrière, choux, navets, pommes et tout ce qui pourra contribuer à éloigner le spectre du scorbut. Mais le duo ne tarde pas à découvrir que le même fléau sévit chez les Sudistes, eux aussi sont à la recherche de fruits et de légumes...
Curieux hasard, alors que sort ce nouveau Tuniques bleues à la thématique agricole, la Belgique se voit confrontée depuis quelques semaines à des surplus de production de pommes et de poires. Passé cet involontaire clin d'oeil, on saluera encore une fois la longévité de la série, et le dynamisme de ses auteurs rarement pris en défaut. Certes, on ne peut exiger d'un tel "classique" de se renouveler à chaque album, mais on constate avec plaisir que ce 58ème opus réserve quelques surprises.
Par son thème d'abord, ce scorbut qui se manifeste en premier lieu au niveau des gencives (et dont le Général Alexander va faire les frais...). Et puis, il y a l'opposition classique entre Blutch et Chesterfield. Classique ? Pour une fois, Raoul Cauvin inverse quelque peu les rôles. Le sergent militariste se sent déshonoré de se voir imposer cette mission maraîchère, alors que le caporal Blutch semble nettement plus décidé à remplir celle-ci. De quoi donner lieu à de croustillantes prises de bec. Ajoutons-y les "retrouvailles" avec un de leurs ennemis traditionnels (rencontré pour la première fois voici... 52 albums !) et on tient là un bon Tuniques bleues.
Willy Lambil démontre à nouveau tout son savoir-faire et son professionalisme, avec un beau souci du détail sur des planches exemplaires de lisibilité. La guerre de Sécession semble décidément ne pas avoir de fin pour Les Tuniques bleues et leurs auteurs, et le rendez-vous annuel plein de bonhomie qu'ils nous fixent avec un album en automne fait lui aussi figure de classique. On y répond avec plaisir !