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Moi René Tardi, prisonnier de guerre Stalag II B : Mon retour en France, par Jacques Tardi (Casterman)

Moi René Tardi, prisonnier de guerre Stalag II B

Mon retour en France

Scénario et dessins : Jacques Tardi

Casterman

Un prolongement de l'enfer...

Sur fond de paysage, tantôt de désolation avec des villes traversées qui ont subi les bombardements, tantôt des bourgades fourmillantes de maisons à colombages encore épargnées, Jacques Tardi va narrer, comme une litanie, la longue errance de son père pour rejoindre la France, mais également les horreurs de la guerre à la manière d'une voix "off". Tout est fort en émotions dans cet album, et le parti pris de ne pas dessiner les atrocités assénées dans les bulles relève peut-être de la pudeur mais n'apporterait sûrement rien de plus à ce texte.

Après un premier album narrant les conditions déplorables de prisonnier de guerre au Stalag II B, cet opus raconte le retour en France, en colonne et entourés de soldats allemands qui ne connaissent que les coups de gueule et les coups tout court pour les faire avancer, de ces prisonniers déguenillés, affamés et fatigués par une route sans fin.

Le dialogue instauré entre René Tardi le prisonnier de guerre et son fils Jacques constitue un des éléments forts de la narration. Jacques, matérialisé par un petit garçon apparaît tantôt espiègle, par ses questions et ses remarques pertinentes sur les faits et gestes de son père et de ses congénères, tantôt révolté par leurs agissements difficiles à qualifier et sur lesquels il apparait compliqué d’émettre un jugement.

Voici une belle leçon d'histoire, avec la touche d'impertinence de son auteur, qui tour à tour fera sourire le lecteur mais le plongera aussi dans un abime de perplexité sur un chemin de croix dont beaucoup ne verront pas le bout !

Un cahier d'une douzaine de pages, agrémentées de photos d'époque et d'une carte détaillée des contrées traversées, vient parfaire le récit de leur longue pérégrination et ainsi nous aider à mieux appréhender le chemin parcouru dans des conditions extrêmes.

Incontournable, ne serait-ce que pour perpétuer le devoir de mémoires.

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Bernard Launois
07/12/2014