Alix Senator
Tome 3 : La Conjuration des Rapaces
Scénario : Valérie Mangin
Dessins et couleurs : Thierry Démarez
Casterman
Sous le regard du vautour
Rome, été de l’an 12 avant Jésus-Christ. Une trentaine de personnages anonymes se sont réunis, leurs visages dissimulés par des masques d’oiseaux. Mûs par le désir de vengeance ou la passion politique, tous brûlent d’abattre l’empereur Auguste, qualifié de tyran, et de le remplacer par le fils de César, Ptolémée César alias Césarion. Au même moment, Alix Graccus doit affronter une succession de graves déconvenues. Enak est arrêté sur ordre de l’empereur, tandis que le courroux d’Auguste s’abat sur Alix, bientôt menacé d’être déchu de son statut de sénateur et de perdre tous ses biens...
Valérie Mangin et Thierry Demarez poursuivent cette somptueuse série spin-off de l'oeuvre de Jacques Martin avec cette Conjuration des Rapaces dans laquelle on peut voir la fin d'un premier cycle. À nouveau, on est frappé par l'ambition et la réussite de ce reboot qui offre véritablement une nouvelle dimension au personnage né en 1948 et à son univers. Le scénario proposé combine aventure humaine et jeu politique. À côté du complot, les tensions sont nombreuses, y compris au sein de la propre famille du sénateur Alix Graccus. Valérie Mangin s'attache à la psychologie des personnages tout en les inscrivant parfaitement dans leur époque. L'intrigue joue en outre habilement avec le lecteur, taraudé par de nombreuses interrogations jusqu'à la quasi conclusion de l'album et un retournement de situation aussi surprenant que radical.
Graphiquement, le dessin de Thierry Démarez n'a cessé de s'affiner et de s'affirmer depuis Le dernier Troyen en passant par Marie des Dragons. Il signe ici une impressionnante reconstitution historique et nous immerge dans cette période troublée. Ses décors sont ainsi minutieusement construits, extrêmement soignés et riches de détails. Seul le hiératisme de certains personnages ou de leurs expressions alourdit parfois un rien l'ensemble, mais il est vrai que l'action pure n'occupe pas une grande place dans cette histoire bâtie sur des complots politiques.
La BD évolue, on ne raconte plus aujourd'hui une histoire comme voici plus de 60 ans. Ce nouveau tome d'Alix Senator en offre une éclatante démonstration en combinant cette évolution à un énorme respect de ses origines. Une réussite !