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Ligne B, par Julien Revenu (Casterman)

Ligne B

Scénario, dessins et couleurs : Julien Revenu

Casterman

Le point de non-retour

Automne 2005. Émeutes dans les banlieues françaises. L’état d’urgence est déclaré. Au bout de la ligne B du RER, Laurent vend des téléphones portables dans un centre commercial. Il a une petite fille qu’il adore. À part elle, sa vie n’est qu’une longue suite d’humiliations : son patron passe ses nerfs sur lui, sa femme le couvre de reproches et il se fait racketter dans les transports en commun. Mais cette fois, c’est l’agression de trop ! Laurent ne va plus se laisser faire. Il va prendre sa vie en main : maintenant, le prédateur ça sera lui ! Du moins c’est ce qu’il croit…

Diplômé de la haute école des arts du Rhin en 2009, Julien Revenu, à travers ses différents travaux, tente de donner un témoignage sensible du réel et de mettre en lumière les contradictions de la vie moderne. Avec Ligne B, il propose ce que l'on pourrait appeler une chronique de la violence ordinaire. Cette violence parfois visible et menaçante, plus souvent insidieuse, qui gangrène notre quotidien.

L'auteur, engagé, nous décrit ainsi le parcours de Laurent, les pressions qu'il subit jusqu'à ce que saute le couvercle de ce récipient devenu bouillant, et à ce que Laurent, à son tour, se laisse happer par la spirale de la violence. Au-delà, l'auteur situe son récit dans une période d'émeutes, comme si une part de la société suivait, à son échelle, le même parcours. Julien Revenu construit sur cette thématique plus d'une fois exploitée au cinéma (Taxi driver, Chute libre, La Haine...) un récit aux allures de reportage intime, qu'il décrit étape par étape, et qui laisse bien peu de place à l'espoir mais appelle certainement à la réflexion.

Peut-être la mise en images faussement simple et "gentille" accentue-t-elle encore le malaise de Ligne B, malaise sans doute dû à la sensation que ce genre d'histoire pourrait arriver à n'importe qui. Il y a une quarantaine d'années, la thématique de Ligne B aurait peut-être relevé de la SF. Aujourd'hui, elle éclabousse les flashs d'information... Un album dérangeant qui interpelle !

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Pierre Burssens
29/05/2015