La Guerre des Lulus

Tome 3 : Le Tas de Briques - 1916

Scénario : Régis Hautière
Dessins : Hardoc
Couleurs : Hardoc et David François

Casterman

Retour en ville...

1916. Encore une année qui passe. Quand on n'a pas encore atteint l'âge adulte, une année c'est presque une vie. Orphelins, laissés à leur propre destin dans un monde entré en guerre, les Lulus poursuivent leur chemin. Après la mort de Hans, leur monde a basculé brutalement dans la réalité de cette guerre qu'ils évitaient si bien. S'enfonçant dans la forêt, les Lulus découvrent une cabane qui se présente comme un signe d'espoir...

C'est avec beaucoup de plaisir que l'on retrouve la petite tribu des Lulus, Lucas, Ludwig, Luigi, Lucien et Luce et leur débrouillardise qui semble inépuisable pour survivre en ces temps troublés. Trouvant d'abord refuge auprès de Gaston, un sabotier vivant dans sa cabane dans la forêt, c'est ensuite vers la ville de Guise et son fameux familistère que vont se diriger ces attachants personnages.

À la faveur de ce scénario, Régis Hautière retrouve donc ce Tas de Briques, qui avait déjà servi de décor à De Briques et de Sang (Casterman, dessins David François), né de la volonté de Jean-Baptiste André Godin. Cet industriel visionnaire et philanthrope avait fait construire ce "palais social" destiné à accueillir son personnel à proximité de son usine de poêles, avant de le céder progressivement à une coopérative dont étaient membres tous les habitants du lieu. Une dimension communautaire qui permet aux Lulus de s'y abriter, même si les bâtiments sont partiellemet occupés par les soldats allemands.

Et cet étonnant ensemble architectural  va donner lieu à de nombreux rebondissements dans l'odyssée des Lulus, entre gags et frissons. Toutes les qualités des tomes précédents se retrouvent dans ce troisième épisode. Tant le récit que le dessin de Vincent Hardoc marquent avec sensibilité l'évolution des héros. L'enfance s'est peu à peu estompée pour faire place à l'adolescence et à quelques tiraillements au sein du groupe. La tendresse de leurs créateurs pour les personnages est perceptible. Les auteurs nous brossent également les épatants portraits de deux rôles dits secondaires mais décisifs : Gaston le sabotier et, au familistère de Guise, Gustave, au sympathique parler "ch'ti".

La guerre s'étire, même les soldats de l'occupant en sont lassés, mais les Lulus ne manquent pas de ressource...  Tout comme Hauitière et Hardoc qui nous ont concocté un saisissant cliffhanger qui ne peut que nous laisser attendre la suite avec impatience ! À noter, sur les dernières planches, le clin d'oeil à David François en chef de gare. Une excellente série qui se bonifie d'album en album...