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DesSeins, par Olivier Pont (Dargaud)

DesSeins

Scénario et dessins : Olivier Pont
Couleurs : Laurence Croix

Dargaud

Délicatesse

Une lycéenne mal dans sa peau ; une femme au foyer qui, en 1968, va s'émanciper sur les barricades ; la responsable d'une petite boutique de sous-vêtements qui lutte contre les grandes enseignes ; une femme qui décide de poser nue comme modèle pour une raison très personnelle...

Certaines décisions peuvent surprendre, et ce fut sans conteste le cas avec celle d'Olivier Pont, renonçant à la BD pour la pub et la TV après son remarquable Où le regard ne porte pas. C'est avec d'autant plus de plaisir et de curiosité que l'on retrouve son nom en couverture d'un album 10 ans après. Un album qui, à nouveau, sort des sentiers battus. En effet, sous une couverture douce et séduisante, Olivier Pont nous offre sept courts récits qui s'assemblent telle une ode à la féminité, avec pour fil rouge un de ses symboles, les seins !

Chloé, Mathilde, Alison, Sylvia, Fanny, Elykia et Fleur se trouvent toutes, d'une manière ou d'une autre, à un tournant de leur vie, face à un choix porté par leur existence. Et ce sont ces périodes que nous décrit l'auteur avec délicatesse et sensibilité. Une porte s'ouvre vers la liberté pour l'une, une autre se réapproprie son corps et sa destinée, une troisième, en Afrique, devient presque un symbole magique. Les 7 nouvelles proposées nous promènent à différents moments et dans différents lieux, avec des héroïnes du quotidien, ou presque, fort différentes et pourtant proches les unes des autres.

On est dans le doux, l'intime, le sensuel et le réel. Olivier Pont signe un dessin plus réaliste que pour son précédent diptyque. Son trait est élégant mais conserve pourtant une agréable forme de spontanéité, et sert idéalement son propos. Ses femmes ne sont pas des pin-ups, et l'auteur les rend suffisamment expressives pour nous faire partager leurs doutes et leurs émotions. Chaque histoire est abordée avec un type d'écriture différent et, de ce côté aussi, la qualité est au rendez-vous. On appréciera également le superbe travail de Laurence Croix sur les couleurs, qui privilégie une palette de base volontairement limitée mais en exploite parfaitement les nuances.

DesSeins nous offre une parenthèse délicate face aux grands courants de la BD, et sa lecture se révèle émouvante et douce. À savourer en écoutant, par exemple, le Femmes je vous aime de Julien Clerc.

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Pierre Burssens

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13/11/2015