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Le Fantome de Gaudi, par El Torres, Jesus Alonso Iglesias, collection Calamar (Paquet)

Le Fantome de Gaudi

Scénario : El Torres
Dessins et couleurs : Jesus Alonso Iglesias

Paquet, collection Calamar

Visite mortelle à Barcelone

Barcelone est la proie d’atroces meurtres dans des lieux bien précis : les célèbres créations de l’architecte Gaudi. Et les policiers n’ont pas le moindre indice. Antonia, une simple caissière a fait une curieuse rencontre : le sosie de Gaudi. Ce dernier l’incite à visiter les lieux juste avant que les crimes soient  commis.

À l'instar de nombreux auteurs de polars qui situent les enquêtes de leurs héros dans des villes précises, celles-ci devenant alors bien plus qu'un décor (Venise pour Donna Leon, Bruges pour Pieter Aspe...), El Torres et Jesus Alonso Iglesias s'attaquent à cet exercice difficile pour Le Fantôme de Gaudi. En effet, l'enquête menée par l'inspecteur-chef Tondu (chauve, comme son nom l'indique, on n'est pas chez Tif et Tondu !) et la juge Montaner nous emmène dans des hauts lieux touristiques de Barcelone, tous consacrés à Gaudi, et trouve même sa conclusion dans la célébrissime Sagrada Familia. L'album est divisé en chapitre, et chacun de ceux-ci s'articule sur tel ou tel endroit.

Le sujet est riche et vaste, et la tâche n'a visiblement pas été simple pour le scénariste El Torres. Après un démarrage rythmé et impressionnant, la cadence a en effet tendance à baisser et l'auteur se perd parfois dans des explications superflues. Entre les doutes de ses personnages et les interprétations symboliques des oeuvres et édifices de l'architecte catalan, on a soit l'impression d'avoir droit à trop d'ellipses pour une bonne compréhension de l'intrigue, soit de suivre un documentaire parfois assez ennuyeux... Qui trop embrasse mal étreint, et à l'arrivée les motivations du tueur restent tout de même relativement nébuleuses.

C'est dommage, car à côté de cela, l'auteur exploite bien ses personnages principaux, intéressants et attachants, particulièrement son policier et la pétulante Antonia. Peut-être aurait-on aimé en savoir plus à leur sujet. Quelques traits d'humour sont également les bienvenus.

Reste le dessin dynamique et très plaisant de Jesùs Alonso Iglesias, que l'on avait pu découvrir avec PDM (Paquet de merde), imposant album (250 pages) dans lequel Pierre Paquet narre ses débuts d'éditeur. Son trait est ici légèrement plus lisse, plus soigné, mais n'a rien perdu de sa belle spontanéité et de son côté vivant et expressif.

Préfacé par l'écrivain et journaiste Javier Serra, l'album est enrichi d'un dossier de 16 pages à mi-chemin entre cahier graphique et making-of.

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Pierre Burssens
03/12/2015