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Dans les bois, par Emily Carroll (Casterman)

Dans les bois

Scénario, dessins et couleurs : Emily Carroll

Casterman

En rouge et noir...

Une cabane perdue dans la neige et des jeunes filles qui disparaissent tour à tour la nuit venue ; des monstres parasites cachés au fond des bois qui attendent la proie idéale pour... faire leur nid ; une écolière qui joue les apprentis spirites et qu'un esprit malin finit par posséder... 

Alors que Lewis Carroll emmenait son Alice au Pays des Merveilles, Emily Carroll choisit, elle, de conduire ses personnages à la lisière d'une sombre forêt, pleine de peurs et d'horribles secrets. L'auteure britannique, qui évolue dans les pas de Luke Pearson et Isabel Greenberg signe en effet, avec Dans les Bois, un recueil de contes fantastiques et horrifiques jouant avec les peurs et l'imaginaire de l'enfance que nous avons tous gardés en nous.

Dans les bois, qui s'est vu décerner deux Eisner Awards, rassemble ainsi cinq histoires initialement publiées en ligne. Tout au long de celles-ci, on passe du mystère à l'angoisse, de l'angoisse à la surprise et de la surprise à l'horreur. L'hôte, qui ouvre ce recueil, est sans conteste le récit le plus réussi. En effet, Emily Carroll prend son temps pour y installer une atmosphère étrange, puis pour nous plonger dans le fantastique pur. Il s'agit d'ailleurs de l'histoire la plus longue, d'une soixantaine de pages sur les 208 que comporte l'album. On est plus proche de la nouvelle que du conte, le ton de ce dernier étant davantage présent dans les quatre autres chapitres. Inversément, le scénario du macabre La Dame aux mains froides, pourtant bref, donne la désagréable impression d'avoir été dilué, dans une approche davantage "illustration" que BD, pour enrichir une histoire de fantôme finalement fort classique.

Graphiquement, Emily Carroll expérimente. On remarque ainsi des différences de traitement entre chaque histoire. Certaines bénéficient d'un dessin plus réaliste ou "fini" que d'autres, ou de plus de couleurs, mais l'économie de moyens en reste cependant le dénominateur commun. L'auteure joue beaucoup sur le découpage pour dévoiler ou suggérer. On regrettera cependant parfois l'usage excessif de très gros plans, qui peut agacer.

Surprenant, déroutant parfois, Dans les Bois pourra exercer une noire séduction sur les bédéphiles curieux, les amateurs de "nouvelle" BD ou les accros purs et durs de fantastique... À défaut de les ensorceler !

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Pierre Burssens
11/01/2016