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Dolorès, par Bruno Loth (La Boîte à bulles)

Dolorès

Scénario, dessins et couleurs : Bruno Loth

La Boîte à bulles

La petite fille sur la plage

Déroutée par la soudaine capacité de sa mère, pourtant sujette à des trous de mémoire, à parler espagnol, Nathalie s’interroge : pourquoi veut-elle se faire appeler Dolorès ? Et d’où proviennent ses cauchemars persistants dans lesquels se côtoient les fascistes, Franco et un mystérieux bateau ? Pour répondre à ces questions, Nathalie décide d’enquêter sur le passé de sa mère, en Espagne...

Après avoir auto-édité Ermo, une série en 6 tomes consacrée à la Guerre d'Espagne, Bruno Loth revient à son sujet de prédilection avec cet émouvant Dolorès, qui traite d'une partie peu connue de ce conflit. À travers son récit, l'auteur conjugue deux époques, 1939 et l'exil de plus de 500 000 Républicains espagnols qui voulaient fuir Franco et la guerre civile, et de récentes mutations politiques dans le pays, dont le développement du mouvement Podemos. En effet, Nathalie se rend en Espagne, à la recherche de traces du passé de sa mère en pleine période électorale, et l'auteur en profite pour développer ces derniers aspects. 

L'histoire de Dolorès est touchante, et il est bien difficile de ne pas ressentir de la compassion pour cette vieille dame en maison de repos.

Or, les scènes de son exil, de son enfance, trouvent aujourd'hui un tragique écho dans l'actualité avec la crise des migrants, ouvrant une piste de réflexion supplémentaire à celles que comporte l'album en tant que tel. On pense parfois au diptyque Le Convoi de Lapière et Torrents, qui traitait d'un autre aspect du sujet, mais Dolorès possède sa propre originalité, à commencer par le dessin faussement fragile de l'auteur, qui bénéficie d'une élégante colorisation en bichromie

On tente de comprendre l'histoire de cette vieille dame, qui s'éclaircit au fur et à mesure du récit, et on suit volontiers sa fille dans son enquête. Par contre, petit bémol, à moins de s'y être intéressé avant la lecture de l'album, il est plus difficile de s'orienter parmi l'exposé des mouvements sociaux et politiques de l'Espagne contemporaine.

Hormis cela, Dolorès peut difficilement laisser le lecteur insensible.

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Pierre Burssens
06/04/2016