Turbulences

Scénario : Baptiste Virot et Anne Lambert
Dessins et couleurs : Baptiste Virot

Casterman, collection Sociorama

Bienvenue à bord !

Marion est phobique de l'avion ; alors qu'elle embarque sur le vol Paris-São Paulo, elle scrute le moindre signe de catastrophe. À l'intérieur de l'appareil, pilotes, hôtesses et stewards suivent le cours ordinaire de leur travail. Pourtant, derrière les sourires commerciaux se cachent petits tracas personnels et conflits collectifs dans l'entreprise...

Deuxième livraison déjà pour la collection Sociorama, dirigée paz Lisa Mandel et Yasmine Bouagga, qui signe la rencontre entre bande dessinée et sociologie. D'un côté, des sociologues amateurs de BD qui ont créé l'association Socio en cases; de l'autre, des auteurs de BD curieux de sociologie. Ensemble, ils ont initié une démarche originale : ni adaptation littérale, ni illustration anecdotique, mais des fictions ancrées dans les réalités du terrain. 

Via un vol Paris-São Paulo, de ses prépoaratifs à l'atterrissage, Baptiste Virot illustre, sous forme scénarisée, une enquête d'Anne Lambert consacrée aux coulisses d'une grande compagnie aérienne française, réalisée au plus près des équipages. Turbulences nous dresse les portraits des membres d'un équipage d'un long courrier, avec ses différences de statuts, de salaires, et pour lequel la "frontière" séparant cockpit et cabine est bien réelle. L'auteur y ajoute Marion, une passagère lambda, terrorisée par ce vol.

En exposant différents points de vue, Baptiste Virot et Anne Lambert explorent autant d'aspects d'une entreprise dont le non initié ne perçoit qu'une toute petite partie. Qu'y a-t-il derrière le sourire parfois figé des hôtesses et stewards ? Quelles sont les préoccupations cachées sous un uniforme plus ou moins galonné ? L'équipage constitue le microcosme d'une société et en emporte dans les airs les rapports hiérarchiques, les conflits sociaux, les inégalités. Pourtant, face aux passagers - parfois problématiques - le sourire est de mise, toujours...

On découvre et on apprend beaucoup tout au long de ces 160 pages non dénuées d'humour qui se lisent fort agréablement. Le dessin de Baptiste Virot privilégie la simplicité et l'efficacité, mais Sociorama ne recherche pas la prouesse graphique. Ce nouvel opus, réussi, démontre à nouveau l'intérêt du concept. Et une chose est sûre : après avoir lu Turbulences, on ne prendra plus l'avion de la même façon !