
Black Dog
Scénario : Jean-Claude Götting
Dessins et couleurs : Jacques de Loustal
Casterman
Sous le regard d'un grand chien noir...
Stefan n'était pas avare de sa sueur ni de ses mains. Tant que la paye tombait en fin de semaine, il était prêt à les plonger dans le cambouis ou dans l'eau sale. Ou
dans n'importe quelle autre merde... Remarqué par un
truand, le mécano polonais va louper un premier contrat, tout en poursuivant un
jeu très dangereux avec la femme de son employeur... sous le regard d'un grand chien noir.
Après Pigalle 62-27, le duo Loustal-Götting se reforme pour ce Black Dog, reboot de Noir, de Götting, album publié aux éditions Barbier et Mathon. La trame du récit est identique, décrivant la descente aux enfers d'un loser qui ne mesure pas les dangers auxquels il s'expose, et dont on connaît l'issue dès les premières pages. Viennent ensuite l'enquête et le procès, et un cycle qui recommence, comme si de rien n'était, pour Mme Deville et ses problèmes de climatiseur. Mais cette fois, sous le regard d'un grand chien noir... empaillé.
Jean-Claude Götting avait abordé
Noir comme un exercice de style, hommage au cinéma et romans de genre. Jacques de Loustal, autant illustrateur que dessinateur, s'empare du découpage et du dessin, transpose cette histoire dans la Californie des années 70' et inonde ce
Noir de soleil et de couleurs,
accentuant les contrastes entre un fort sombre cheminement et la lumière qui l'entoure. L'intrigue peut sembler assez classique, mais son scénario est très habilement mis en place et c'est
toute une ambiance, fort lourde, que parviennent à installer progressivement les auteurs. Celle-ci laisse peu de place au suspense, mais démontre assurément
quelque chose d'inexorable dans les choix de Stefan.
Polar noir très cinématographique, Black Dog a de fort solides atouts pour séduire les amateurs du genre. De manière plus générale, on saluera l'originalité de la démarche des auteurs.
L'actualité de Jacques de Loustal se double d'une
très belle réédition, parue simultanément à
Black Dog, de
Barney et la Note bleue, sur un scénario de
Philippe Paringaux. Il s'agit d'un vrai-faux biopic du
saxophoniste de jazz Barney Wilen, associant faits réels et fiction pour, là aussi, aboutir à un récit noir... ou blues. L'album original avait été publié en 1987 dans la fameuse collection des
Romans (à suivre) préfigurant ce qu'on appelle aujourd'hui couramment le roman graphique. L'album s'accompagne d'un cd, composé et interprété par Barney Wilen, qui constitue une sorte de
bande originale aux treize séquences de la BD. Un album que le dessinateur évoque encore aujourd'hui comme son plus connu et qui est devenu un classique.