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Deux bandits, par Danilo Beyruth, collection Wanted (EP)

Deux bandits

Scénario et dessins : Danilo Beyruth
Couleurs : Fabien Alquier

EP, collection Wanted

Western brésilien

Sous une chaleur de plomb, quand des trésors cachés et des trains chargés de dynamite sont convoités pour le meilleur et pour le pire... Les deux derniers survivants d'un groupe de vingt bandits sont à la recherche des têtes coupées de leurs compagnons. Ils sont prêts pour un affrontement final des plus sanglants.

Ce pitch pourrait être celui d'un western spaghetti, et il est vrai que ce que nous propose Danilo Beyruth, hormis la situation géographique de l'action, s'en rapproche énormément. En effet, le dessinateur brésilien travaillant généralement dans l'univers des comics, campe son histoire dans le Caatinga, région aride du nord-est du Brésil, déjà évoquée par Hermann dans... Caatinga, justement.

Ses héros sont des cangaceiros, mi-bandits, mi-justiciers "sociaux", poursuivis par les "volantes" de la police gouvernementale. La teigne et crâne de boeuf, derniers survivants de leur bande, vont tendre une embuscade au détachement du lieutenant Honorio afin de récupérer les têtes de leurs compagnons. Et même si les motivations des deux hommes sont différentes, ils s'embarquent ensemble dans ce dernier baroud désespéré.

Danilo Beyruth effleure ainsi une page de l'histoire brésilienne, bien documenté sur une période courant de la moitié du XIXe siècle aux années 1930 (Lampiao, le plus célèbre des cangaceiros fut abattu en 1938, les membres de sa bande furent décapités et leurs têtes exposées), mais c'est bien en reprenant les codes du western spaghetti qu'il choisit de le faire. En effet, il y a quelque chose de quasi irréel dans l'intrigue développée, le désert et le soleil semblent être des acteurs à part entière de l'histoire, les personnages sont extrêmement typés et la violence omniprésente.

Et puis il y a cette mise en scène, ces cadrages, ces gros plans sur des trognes burinées. Travellings, zoom, gros plan... autant de termes cinématographiques qui s'imposent naturellement à la découverte du découpage très particulier de Deux bandits et qui rappellent inévitablement les images de Sergio Leone, Duccio Tessari ou Sergio Corbucci...

Le dessin très expressif de Danilo Beyruth répond idéalement à l'histoire et à cette option de traitement et certaines planches sont réellement impressionnantes, bien soutenues par les couleurs de Fabien Alquier. Bando de dois a été salué comme l'un des meilleurs albums en 2010 lors de sa publication au Brésil. Deux Bandits comblera, aujourd'hui en français, les amateurs du genre.

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Pierre Burssens
17/08/2016