Iroquois
Scénario, dessins et couleurs : Patrick Prugne
Daniel Maghen
Le Fleur de Lys et le sentier de la guerre
1609, Samuel de Champlain, envoyé du roi de France, est chargé de pacifier les rives du Saint-Laurent pour y développer le commerce des peaux avec différentes tribus indiennes régulièrement menacées par les raids iroquois. Avec une quarantaine d'hommes et de ses alliés Hurons et Montagnais, il s'enfonce en Iroquoisie, aidé par le Basque, un trafiquant qui connaît parfaitement ces contrées. Champlain dispose d'une otage, Petite Loutre, fille d'un chef iroquois qui pourrait lui servir de monnaie d'échange...
Après son détour parisien de Poulbots, Patrick Prugne reprend le chemin des grands espaces pour poursuivre son évocation d'épisodes peu connus de la colonisation de l'Amérique du Nord. Samuel de Champlain devient ici un personnage de BD à part entière, embarqué dans une mission à l'aboutissement amer et qui se soldera, à terme, par 200 ans d'affrontements entre Iroquois et Français. En remontant la rivière Richelieu, il baptise au passage un grand lac de son nom, le Lac Champlain, le fondateur de Québec étant aussi cartographe et géographe.
L'évocation de cette expédition en territoire Iroquois est, une nouvelle fois, prétexte à une superbe mise en images. Si l'auteur privilégie depuis longtemps la couleur directe, c'est depuis L'Auberge du bout du monde qu'il a donné à celle-ci toute sa dimension. Un choix idéal pour recréer les décors naturels grandioses des lacs et forêts nord-américains, oeuvre entamée avec Canoë Bay. Depuis, d'album en album, Patrick Prugne semble gagner à chaque fois en maîtrise. Son trait s'affine devant les ambiances, les lumières, la flore et la faune que l'on découvre au gré de cases et planches grandioses.
Le scénario d'Iroquois est simple et efficace. On prend aisément pied dans un contexte historique et géographique particulier, et s'il est ici question de peuples et cultures amérindiennes, on est loin du western, l'intrigue est bien celle d'une aventure historique.
Iroquois l'emporte ainsi sur plusieurs plans, puisque s'il s'agit d'une bonne BD, Patrick Prugne signe aussi, au-delà, à nouveau, un fort beau livre - complété d'un riche cahier graphique - que l'on a plaisir à lire et à regarder. Son éditeur l'a assurément compris, les planches originales d'Iroquois sont en effet présentées à la galerie Daniel Maghen jusqu'au 17 septembre.