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Filles des Oiseaux - Tome 1/2 : N'oubliez jamais que le Seigneur vous regarde !, par Florence Cestac (Dargaud)

Filles des Oiseaux

Tome 1/2 : N'oubliez jamais que le Seigneur vous regarde !

Scénario, dessins et couleurs : Florence Cestac

Dargaud

Pécheresses

Honfleur, au pensionnat des Oiseaux, un établissement pour jeunes filles tenu par des soeurs chanoinesses de saint Augustin, dans les années soixante. Marie-Colombe et Thérèse ont 13 ans. L'une vient d'une famille très aisée vivant à Neuilly ; l'autre, d'une famille du coin, dans laquelle on est paysans depuis des générations. Les deux jeunes filles deviennent inséparables et font les 400 coups dans le vénérable pensionnat. Une amitié à toute épreuve dans la France des sixties.

"Après l'emmerdement des soutanes avec des mortifications de cilices voilà la chierie des djellabas avecdes prisons grillagées de burkas et les tristes morales qui les accompagnent..."  Avec une telle phrase dans la préface de Jean Teulé, on aurait pu croire que cet album allait consister à dessouder de la religion. Heureusement, il n'en est rien, et si le rigorisme des servantes du Seigneur est caricaturé, il est celui d'une époque à laquelle l'auteure séjourna dans cette pension religieuse au parfum moyenâgeux. Florence Cestac voulait y fuir la bourgeoisie rouennaise. 


Partiellement autobiographique, ce premier volet de Filles des Oiseaux célèbre plutôt l'amitié et la complicité entre Thérèse et Marie-Colombe, issues de classes sociales différentes.

À travers celle-ci, par petites touches, Cestac recompose l'image d'une époque, de la France d'avant mai 68'. Les pensionnaires du pensionnat des Oiseaux sont peut-être muselées, mais c'est tout un petit monde qu'elles déballent de leurs valises. Entre la Citroën Tube et la DS cabrio, entre la famille paysanne presque trop beauf pour être vraie et les bourgeois que l'on dirait aujourd'hui branchés, Marie-Colombe et Thérèse tracent leur itinéraire de jeunes filles, ponctué de mauvais tours aux religieuses et d'amourettes qui prennent parfois un virage inattendu.

N'oubliez pas que le Seigneur vous regarde ! se situe ainsi quelque part entre chronique, témoignage et BD humoristique douce-amère. On y sourit beaucoup et Florence Cestac a trouvé le ton juste pour dépoussiérer ce tiroir aux souvenirs d'un temps pas si lointain et de sixties moins dorées que ne le proclame une certaine dénomination.

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Pierre Burssens
26/09/2016