
Les Tuniques bleues
Tome 60 : Carte blanche pour un bleu
Scénario : Raoul Cauvin
Dessins : Willy Lambil
Couleurs : Leonardo
Dupuis
La courgette
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À la suite d'une sanglante bataille n'ayant laissé que peu de survivants dans le 22e de cavalerie, le sergent Chesterfield a totalement perdu conscience. Sourd, muet, le regard vide, assis sans bouger sur un fauteuil roulant, il ne semble pas plus vivant qu'une...courgette. À tel point que le haut commandement pense à s'en débarrasser. Mais que pourrait-il faire dans un tel état ? Le caporal Blutch prend sa défense face à l'état-major et obtient carte blanche pour tenter de ramener à la vie son supérieur. Il a trente jours, pas un de plus, pour essayer de faire réagir le sergent par tous les moyens.
Il fallait bien qu'un jour cela arrive. Que deviendrait le caporal Blutch sans "son" sergent Chesterfield? Pourtant, voilà désormais 60 albums que les deux hommes, au mieux, se chamaillent ! Mais le coeur de Blutch parle, et pas question pour lui de laisser Chesterfield dans cet état. Deux solutions : faire revivre au sergent une émotion similaire à celle qui l'a mis dans cet état, où renouer avec des événements du passé.
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Pas de personnage ou d'épisode réel de la Guerre de Sécession pour cette soixantième aventure, mais une série de citations qui, comme pour Chesterfield, nous font renouer avec des souvenirs de lectures de cette série classique, patrimoine du 9e Art et pilier du catalogue Dupuis et de l'hebdomadaire Spirou.
Raoul Cauvin exploite d'abord fort joliment un comique de situation avec des tentatives de Blutch effectuées dans le camp nordiste...et leurs conséquences parfois surprenantes. Le scénariste s'amuse aussi (et amuse le lecteur) avec ses dialogues piquants. Ensuite le duo se met en route à la recherche des souvenirs de Chesterfield, avec, entre autres, une étape de retrouvailles avec Amélie Appletown à Fort Bow. Carte blanche pour un bleu prend alors des airs de rétrospective qui ménage hélas peu de surprises jusqu'au renversement de situation final.
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Willy Lambil signe à nouveau un dessin synonyme de modèle de lisibilité. A 80 ans, le dessinateur soigne toujours autant son travail et prend plaisir à placer ci et là dans ses décors des représentants de la faune qu'il affectionne. Seuls les indécrottables pinailleurs oseront trouver à redire de tel ou tel petit détail.
Au cours de sa longue existence la série a connu, très logiquement des hauts et des bas. Mais elle bénéficie aussi d'un d'un formidable capital-sympathie. On situera Carte blanche pour un bleu dans sa bonne moyenne. Ce qui, pour beaucoup, est sans doute déjà enviable !