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Perceval, par Anne-Caroline Pandolfo, Terkel Rijsbjerg (Le Lombard)

Perceval

Scénario : Anne-Caroline Pandolfo
Dessins et couleurs : Terkel Rijsbjerg

Le Lombard

L'ombre sous la cuirasse

Isolé avec sa mère dans la forêt depuis toujours, Perceval ne connaît rien à la société des hommes. Il aime vivre en communion avec la nature jusqu'au jour où il croise un groupe de chevaliers de la Table Ronde. Fasciné par leurs armures resplendissantes, il ne rêve plus que d'une chose : rejoindre leur ordre et servir lui aussi le roi Arthur. Malgré sa naïveté et grâce à une détermination exemplaire, il y parviendra sans trop de difficultés, mais il devra relever un autre défi plus complexe à mener à bien : découvrir qui il est vraiment.

Il fallait oser s'attaquer à l'adaptation d'un texte aussi emblématique et symbolique que Perceval ou le conte du Graal, oeuvre de Chétien de Troyes écrite entre 1180 et 1190. Certes, le mythe arthurien a donné lieu à de nombreuses déclinaisons romanesques, cinématographiques et bédéphiles (on pense notamment aux Héros cavaliers de Cothias, Rouge et Tarral, dont le premier tome s'intitulait...Perd-cheval), mais Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Rijsbjerg ont choisi de repartir du texte original en accentuant son aspect psychologique à travers la quête d'identité et des origines du héros.

Naîf, bravache, présomptueux, le jeune Perceval (qui ne connait pas son nom) se laisse emporter dans de multiples aventures chevaleresques mais, pourtant, passe à côté de l'essentiel. Celui qui est désigné comme l'élu de la quête du Graal décrétée par le Roi Arthur ne fait que l'effleurer lors d'un épisode dont on se demande s'il est songe ou réalité. Le jeune homme est ensuite amené à mesurer les conséquences de ses actes à la bravoure que l'on mesure, in fine, fort superficielle.

Pour ce long roman graphique (180 pages), la scénariste affuble le jeune chevalier d'une pie pour compagne. Celle-ci représente sa conscience, le guide mais guide aussi le lecteur à travers ce long conte presque millénaire. L'auteure a d'ailleurs choisi d'attribuer à l'oiseau des dialogues plus actuels que ceux, un rien emphatiques, des autres personnages.

Graphiquement, Terkel Rijsberg développe une partition faussement naïve, s'inspirant parfois des miniatures médiévales. Un choix qui répond fort bien à la thématique de l'ouvrage et à son scénario, soutenu par des couleurs en aplats qui accentuent l'atmosphère étrange du récit. 

Ce Perceval mérite en tous cas un coup d'oeil curieux, le charme intemporel de sa légende opère encore aujourd'hui et il pourrait aisément trouver sa place dans une bédéthèque au côté du Beowulf de Rubin et Santiago (Casterman) publié voici deux ans.



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Pierre Burssens
03/11/2016