Nestor Burma

 

1942. Nestor Burma vient à peine de rouvrir l'agence Fiat Lux qu'il tombe sur une affaire en or : retrouver trois lingots disparus lors de l'attaque d'un train postal avant guerre. Quelques mois après 120 rue de la gare, la deuxième enquête du détective de choc se déroule dans le Paris occupé.

 

Et c'est précisément une des raisons qui a amené Emmanuel Moynot, absent de la série depuis 6 ans, à s'emparer de cette enquête, afin de bien se différencier du travail de Nicolas Barral, davantage orienté vers le cycle de Léo Malet Les nouveaux mystères de Paris dont chaque récit est centré sur un quartier particulier. 

 

Ici, Nestor Burma circule beaucoup, à la poursuite d'une rousse fatale, notamment, et il est souvent question de métro et de "train d'or" attaqué avant-guerre. Personnages pittoresques, enquête qui semble se dérouler d'un virage à l'autre, on est bien dans l'univers de Léo Malet dont Jacques Tardi a développé les bases de la mise en images.

 

On y croise des visages récurrents des aventures du détective qui met le mystère K.O, mais à l'instar du trait plus rude d'Emmanuel Moynot, l'atmosphère de la ville occupée semble plus grise et lourde que dans les derniers albums de la série. Les couleurs de Chantal Quillec renforcent d'ailleurs cette impression.

 

On reste néanmoins en terrain balisé, et c'est toujours avec le même plaisir que l'on arpente les pavés de la capitale avec ce charmeur de Nestor, de manière un rien plus complexe ici, occupation oblige. Ainsi, certains rôles paraissent ambigüs, porteurs d'une menace latente, à l'image de ce Chabrot, responsable de ce C.Q.F.D., Ce Qu'il Faut Dévoiler, canard boîteux flirtant avec le chantage...

 

Comme un signe du destin, c'est le déraillement d'un autre train qui amènera la conclusion, amère, de cette enquête, initialement prépubliée par Casterman sous forme de trois journaux. Les amateurs de la série et plus largement de polars "à la française" apprécieront.