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L'Armée de l'Ombre - Tome 4 : Nous étions des hommes, par Olivier Speltens, collection Mémoire 1939 - 1945 (Paquet)

L'Armée de l'Ombre

Tome 4 : Nous étions des hommes

Scénario, dessins et couleurs : Olivier Speltens

Paquet, collection Mémoire 1939 - 1945

War is over !

Août 1944. Les troupes allemandes sont repoussées vers l'Allemagne. Les ventres sont vides, les corps sont fatigués. Les longues colonnes de soldats sont impitoyablement massacrées par l'aviation soviétique. Février 1945. A proximité de Berlin, dans une dernière tentative pour arrêter les russes, les allemands font sauter les ponts sur l'Oder. Kessler a depuis longtemps perdu toute illusion concernant le sort de l'Allemagne. Les soldats sont face à un choix difficile : combattre les bolchéviques ou tenter de gagner le front ouest dans l'espoir de se rendre aux anglo-américains.

Ce quatrième tome conclut avec brio la série d'Olivier Speltens. Depuis le début, l'auteur a choisi de nouis faire vivre, au plus près, l'itinéraire d'une unité de la werchmacht parmi d'autres, soldats (presque) anonymes, comme il y en eut des centaines de milliers, sur le terrible front de l'Est.

Comme nous l'expliquait l'auteur en interview, "sous les bombes les idéaux volent rapidement en éclat". Et les bombes, les colonnes allemandes en sont couvertes lors de ce repli vers l'Allemagne. La politique de la terre brûlée prônée par les dirigeants nazis n'a fait qu'accroître la colère des soldats russes et, plus que jamais, au-delà des mouvements stratégiques décidés par les généraux, dans les rangs des hommes de troupe, c'est la lutte pour la survie qui domine.

Très symboliquement, Olivier Speltens ouvre et clôture cet album par des scènes particulièrement cruelles. Mais entre la première et la dernière planche, les victimes et la cruauté ont changé de camp. Entre-temps, l'aveuglement a assuré son rôle tragique. Pourtant, comme le clame le titre, Nous étions des hommes, et Ernst Kessler et ses amis semblent à plusieurs reprises personnaliser un reste d'humanité dans ce chaos généralisé. 

L'auteur clôture une remarquable série "de guerre" à laquelle on n'a pu rester insensible. La reconstitution historique est impressionnante : uniformes, matériel, décors...on a parfois l'impression d'avoir suivi un long reportage, mais un reportage-choc, brut, sans aucune fioriture inutile dans le propos, doté d'un vertigineux réalisme tant dans le dessin que le scénario.

Alors qu'au début de la série, il était parfois malaisé de différencier, casqués et en uniformes, les différents personnages, Olivier Speltens a l'audace de choisir un gros plan en illustration de couverture. Un excellent choix ! On pourra, en effet, longuement réfléchir aux différents sentiments générés par cette image saisissante...comme par ces quatre albums. Un must !

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Pierre Burssens

Dans la même série :

 - T1: L'Hiver russe, par Olivier Speltens  - T2: , par Olivier Speltens  - T3: , par Olivier Speltens

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12/12/2016