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Le Passeur, par Yves H., Hermann, collection Aire Libre (Dupuis)

Le Passeur

Scénario : Yves H.
Dessins et couleurs : Hermann

Dupuis, collection Aire Libre

Mutilations

Un couple s'arrête dans une ville après une harassante traversée du désert. Épuisés mais déterminés à franchir la frontière, ils découvrent peu à peu l'atmosphère lugubre de l'endroit qui n'augure rien de bon. Les habitants ne parlent pas, bougent à peine, tels des cadavres en sursis. La cité est en vérité sous le joug d'un inquiétant trafic par-delà les hautes grilles qui la condamnent et l'isolent du reste du monde s'étend un territoire cauchemardesque, royaume solitaire du Passeur... Un piège dont nul ne s'évade, sinon au prix de sa propre vie.

Grand Prix à Angoulême en 2016, et par conséquent Président de la toute proche édition 2017 du festival, Hermann ne se repose en aucun cas sur ses lauriers. Une nouvelle série western annoncée en ce mois de janvier, un Jeremiah en préparation, de nombreuses rééditions de différents pans de son oeuvre, une biographie à venir et...Le Passeur, one-shot post-apocalyptique.

Dès les premières planches, le scénario de Yves Huppen intrigue, et on se demande vers quoi se dirigent Sam et Samantha (!). Au fur et à mesure que l'on avance dans le récit, les choses ne font que s'aggraver pour le couple. Les points d'interrogation se multiplient pour le lecteur mais à chaque fois que la brume se disssipe, c'est pour éclairer sa compréhension d'un tableau cruel parfois jusqu'à la nausée.

On pourrait voir dans Le Passeur une parabole sur les migrants et le "paradis" qui leur est promis par certains individus sans scrupules. Mais hormis cette interprétation, c'est à une sorte de spin-off de Jeremiah que nous avons droit. L'univers désolé du Passeur est très proche de celui de cette série, et on aperçoit même Jeremiah, Kurdy (et Esra ?) sur l'une des cases de la planche 2.

L'élément fantastique/horreur est cependant beaucoup plus présent ici, et quand la nuit se referme sur les principaux protagonistes en fin d'album, on mesure que ceux-ci ont été piégés, comme leurs prédécesseurs et...le passeur, au sein d'un véritable cauchemar.

Hermann reste Hermann. Le dessinateur démontre à nouveau la virtuosité de son trait et sa maîtrise des couleurs directes. Mais son dessin est tellement typé que ses nombreux admirateurs auront une fois de plus la sensation de retrouver des visages ou personnages connus. Ainsi, un chauffeur de car rappelle ici irrésistiblement Barney Jordan (de Bernard Prince). 

Au final, le Passeur s'avère étrange, cruel et dérangeant, mais convaincra sans problème les fans du Sanglier des Ardennes.

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Pierre Burssens

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Pour en savoir plus : Le site officiel d'Hermann

16/01/2017