Auracan » chroniques » Mémoires de Viet Kieu - Tome 3 : Les Mariées de Taïwan
Mémoires de Viet Kieu - Tome 3 : Les Mariées de Taïwan, par Clément Baloup, collection Contre Coeur (La Boîte à Bulles)

Mémoires de Viet Kieu

Tome 3 : Les Mariées de Taïwan

Scénario, dessins et couleurs : Clément Baloup

La Boîte à Bulles, collection Contre Coeur

Les filles tristes...

Dans ce 3ème volume des Mémoires de Viet Kieu, Clément Baloup s’intéresse en particulier à celles que l’on nomme les « Mariées de Taïwan » : ces jeunes Vietnamiennes victimes d’un phénomène qui commença à la fin des années 90, lorsque plusieurs agences matrimoniales virent le jour au Vietnam pour organiser des rencontres avec des hommes taiwanais... Ainsi des milliers de jeunes femmes, issues de milieux pauvres et campagnards, se mirent en quête d’une échappatoire vers une vie meilleure à travers ces mariages négociés. Mais cela ne fut-il pas qu’un miroir aux alouettes ? Une illusion cruelle ?

Sans misérabilisme ni sensationnalisme, Clément Baloup signe un remarquable BD reportage sur un phénomène peu connu chez nous. A travers une série de témoignages recueillis sur le terrain, dont des extraits et portraits réalisés sur le vif viennent jalonner les 160 pages de cet album, l'auteur construit une fiction, l'histoire de Linh, qui pourrait constituer un itinéraire-type de ces mariées de Taïwan

La jeune fille se laisse attirer par la responsable d'une "agence matrimoniale", avant de se retrouver dans un pays qu'elle ne connaît pas, mariée à un homme qu'elle n'aime pas et qui la bat, soumise à la dictature de sa belle-famille...  Heureusement, la solidarité entre celles qui partagent ce destin existe, et Linh va lutter pour gagner indépendance et liberté. Avec une telle trame, on ne peut s'empêcher de penser que l'album aurait aisément pu basculer dans le sordide. Clément Baloup évite heureusement cet écueil. Son trait plaisant s'accorde parfois à des séquences oniriques, empreintes de mythologie locale et nous laisse, à d'autres moments, savourer un beau paysage.

Le ton du récit est sensible et juste, et on mesure combien il a été nourri par les témoignages de ces jeunes femmes déracinées. Le sujet est dur, appelle à la réflexion, mais le traitement choisi par l'auteur assure une lecture à la fois plaisante, touchante et intéressante. A découvrir...

 



Partager sur FacebookPartager
Pierre Burssens

Dans la même série :

Quitter Saigon: , par Clément Baloup

Du même scénariste :

, par , Christophe Alliel

Aussi sur le site :

Pour en savoir plus : Le blog de Clément Baloup

20/01/2017