Duke

Tome 1 : La Boue et le Sang

Scénario : Yves H.
Dessins et couleurs : Hermann

Le Lombard

Tueurs

Duke est un homme tourmenté. Adjoint du shérif d'une petite bourgade, convaincu par la dimension morale de sa mission, il est aussi un tireur d'élite habitué à la violence. Quand un conflit se déclare entre mineurs et propriétaires terriens, Duke doit quitter sa neutralité. Et recourir à ce qu'il connaît le mieux et redoute le plus : ses armes. 

De très nombreux nostalgiques de Comanche l'espéraient...  Hermann et Yves H. l'ont fait ! En effet, le duo père-fils renoue avec le western, mieux, avec une série western ! Certes, il y avait eu Caatinga (se déroulant au Brésil mais très "westernien"), On a tué Wild Bill et surtout le très beau Sans Pardon, paru voici juste deux ans. Mais il s'agissait de one-shots. 

Dans La Boue et le Sang, les auteurs nous présentent Duke, shérif-adjoint attaché à sa mission, à faire respecter la loi. Tâche difficile dans une petite ville minière dominée par le patron de la mine et dans laquelle ses hommes, dirigés Mc Caulky, tueur sans scrupules, peuvent tout se permettre. Pour contrer cette violence, Duke bascule dans celle-ci. Son passé semble avoir été placé sous son signe, comme nous le laisse deviner le scénario de Yves H.

Les ingrédients sont classiques, certes, mais la construction du récit, ses ambiances, l'exploration des sentiments et tiraillements du personnage principal font que l'on est vite accroché par ce tome 1. Au-delà du synopsis, les auteurs amènent progressivement des petites touches qui enrichissent l'histoire et ses protagonistes. L'entourage de Duke se construit lui aussi peu à peu et on imagine que l'on retrouvera certains de ses proches dans les épisodes suivants. Le ton est âpre, tendu, et les événements décrits, tout comme leur enchaînement, ne laissent aucune place à la pitié.

Graphiquement, Hermann se surpasse et signe de somptueuses planches d'un niveau de détail rarement atteint avec un traitement en couleurs directes. Travail sur la lumière, les saisons, les atmosphères, les "gueules" de certains personnages...sans perdre en fluidité et en efficacité ! On mesure le boulot effectué par le dessinateur et le scénariste, mais on perçoit aussi le plaisir de sa réalisation. La Boue et le Sang constitue peut-être le meilleur album du duo, et sa sortie pendant le FIBD d'Angoulême dont Hermann est président en sera assurément un événement.