Le Spirou de...
Le Maître des Hosties noires
Scénario : Yann
Dessins : Olivier Schwartz
Couleurs : Laurence Croix
Dupuis
Bruxelles - Léopoldville
Spirou et Fantasio (et Spip) ont décidé d'accompagner Aniota au Congo pour rapporter le fétiche à la tribu des femmes-léopards. Sur leur route, ils croiseront une reporter très sexy de Life, un missionnaire liégeois qui parcourt le pays avec ses films éducatifs de Pili-Pili et Mata-Mata (les Laurel et Hardy africains), des savants atomistes pas encore tout à fait dénazifiés... et des tas d'animaux sauvages. Ils devront également affronter leur vieil ennemi, le colonel Von Knochen, un président indépendantiste d'opérette qui veut atomiser Bruxelles et le plus redoutable féticheur du continent et ses robots-gorilles.
Près de 3 ans après la Femme-Léopard, voici enfin la suite et fin de cette aventure congolaise de Spirou et Fantasio. Cette fois, le duo débarque au Congo belge, ce qui permet aux auteurs de taquiner doucement l'univers d'un célébrissime petit reporter, le premier à avoir entrepris le voyage en BD. Mais ces clins d'oeil ne sont pas les seuls, et les initiés se régaleront des fort nombreuses références présentes dans le scénario de Yann, au sujet de figures marquantes de l'histoire de Dupuis, notamment.
Avec ce volet africain, les auteurs détournent joyeusement les clichés "exotiques" de la colonisation (rappelons que Yann est aussi, avec Laurent Verron, le créateur d'Odilon Verjus, un pittoresque prêtre missionnaire) et ceux d'une belgitude revendiquée un rien nostalgique. Tout un climat qui vient baigner une aventure échevelée dans laquelle les péripéties se suivent sans laisser aux personnages, ni au lecteur, le temps de souffler.
Le dessin répond aisément à cette sympathique surenchère de rebondissements. Olivier Schwartz signe à nouveau des planches remarquables, dans un style au charme certes rétro mais animé d'un étonnant dynamisme et qui correspond idéalement au récit.
Au-delà de leur vision de Spirou, c'est à un chapitre tout entier de l'histoire de la BD que les auteurs rendent un formidable hommage. Celui de la grande aventure qui fit rêver tant de jeunes lecteurs dans les années 50-60' et de l'aventure humoristique chère à leur éditeur. Le regard que lui portent Yann et Schwartz aujourd'hui est sans doute moins naïf que celui des gamins d'alors, on le mesure à la lecture, mais parvient cependant à dégager une agréable nostalgie. Une sensation que l'on retrouvera avec plaisir lors de relectures, tant ce diptyque de la Femme-Léopard, et en particulier ce Maître des Hosties noires, s'avère riche et copieux.
Nostalgie, vous dites ? |