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Bouche d'Ombre  - Tome 3 : Lucienne 1853, par Carole Martinez, Maud Begon (Casterman)

Bouche d'Ombre

Tome 3 : Lucienne 1853

Scénario : Carole Martinez
Dessins et couleurs : Maud Begon

Casterman

Esprits de famille

Paris, printemps 1985. Pour arracher son amoureux aux griffes de la mort, Lou va devoir voyager dans le temps sur les traces de la vieille Lucienne, voisine de Victor Hugo. Elle va approcher de très près ce grand poète au moment où en exil, il converse avec les morts et cherche à déchirer le voile qui le sépare de sa fille noyée...

Toujours confontée à ses dons et à sa perception des esprits, Lou fait cette fois appel à eux pour sauver Nassim, son amoureux. Une procédure complexe puisque la jeune femme se retrouve, à un premier stade, face à un médecin... fantôme, avant de remonter le temps et de rencontrer la modeste Lucienne, lavandière sur l'île de Jersey en...1853 et travaillant notamment pour la famille de Victor Hugo, en exil sur l'île. Une famille qui paraît bien excentrique aux habitants, avec son curieux intérêt à faire tourner les tables...

Les deux premiers tomes de la série nous ont habitués à son ton aussi particulier que son sujet, et c'est avec curiosité que l'on aborde ce troisième voyage dans l'entre-deux, sur les pas éthérés de Lou et de ses esprits de famille. A nouveau, l'étonnant cocktail de Bouche d'Ombre fonctionne joliment et on se laisse doucement séduire par son atmosphère étrange, parfois charmante mais parfois inquiétante aussi. De plus, Carole Martinez, écrivain, y aborde un épisode de l'histoire d'un monument de la littérature française.

La quête de Lou s'accorde bien à celle de l'auteur romantique et à cette rencontre à Jersey. Le personnage de Lucienne, pivot de cet épisode est étonnant. La vieille inspire parfois la crainte, le mystère, mais également la tendresse et l'émotion. Carole Martinez et Maud Begon maîtrisent leur sujet et ce qu'il transmet, à tel point que les retours du récit à notre époque semblent particulièrement abrupts.
Maud Begon restitue de fort belle façon le scénario par son dessin, amplifiant l'ambiance romantico-fantastique du récit par quelques clins d'oeil appuyés aux peintres romantiques. Combinant plusieurs techniques, la dessinatrice signe quelques très belles scènes. Elle laisse également aux couleurs l'espace  pour s'exprimer, de la légèreté des tons pastels aux gammes sombres qui traduisent les tourments des âmes. Le duo d'auteurs joue aussi avec les vers de Victor Hugo, les disséminant parfois ça et là aux détours des décors.
 
Comme ses prédécesseurs, Lucienne 1853 demande à son lecteur un petit effort pour être abordé, mais après quelques pages on se laisse progressivement mais sûrement emporter par sa poésie et ses personnages attachants.
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Pierre Burssens

Dans la même série :

Bouche d'ombre - T1: Lou 1985, par Carole Martinez, Maud Begon Bouche d'ombre - T2: Lucie 1900, par Carole Martinez, Maud Begon

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, par Joseph Safieddine, Maud Begon
30/03/2017