Ter
Tome 1/3 : L'Etranger
Scénario : Rodolphe
Dessins et couleurs : Christophe Dubois
Daniel Maghen
Mandor
Un homme surgit de nulle part, d’un cimetière dans un désert hostile, inhabité, où personne ne peut vivre. Il est découvert par Pip, un jeune filou, pilleur de tombes, qui le récupère endormi au fond d’une sépulture. Il est nu et ne parle pas. Seul signe distinctif : un tatouage figurant une main, qui lui vaudra le surnom de Mandor (« Main d’Or »). Pip l’emmène avec lui à Bas Courtil, bourg primitif accroché à une butte rocheuse. Petit à petit, il apprend à parler et se révèle intelligent car si sa mémoire lui fait toujours défaut, il est incroyablement doué pour réparer toutes les mécaniques fatiguées et remettre en marche les mille et une bricoles que Pip a entassées...
Evasion assurée avec ce premier volet d'un triptyque de SF signé Rodolphe et Christophe Dubois ! En effet, les auteurs nous emmènent très loin de notre terre, pour une aventure aux aspects davantage initiatiques ou spirituels que space opera. Mandor, comme on le surnomme, semble être au coeur d'une prophétie, et si le mystère et le charme de cet étrange visiteur, découvert dans...une tombe ancienne, agit sur ses amis, les autorités religieuses de Bas-Courtil en viennent vite à s'intéresser à lui.
Constitue-t-il une menace pour leur pouvoir ? Ce risque paraît se confirmer quand Mandor répare un appareil délivrant des images du passé d'une autre planète, celles d'un discours d'un certain Winston Chrurchill pendant une lointaine guerre, ou d'un grand oiseau métallique se fracassant sur 2 tours un 11 septembre 2001...
Rodolphe est un habitué de la SF et conjugue ici des éléments relativement classiques pour construire une histoire captivante et intéressante. Son rythme est relativement lent et la séduction de Ter agit agit aisément sur le lecteur, pour peu qu'il soit sensible au genre. Outre l'intrigue en tant que telle, l'univers exposé dégage une certaine poésie qui ne peut qu'appeler au rêve et au dépaysement.
Il est vrai que la mise en images de Christophe Dubois est absolument grandiose. Révélé avec le très beau diptyque La ballade de Magdalena (Le Lombard), le dessinateur nous offre ici encore des planches soignées jusqu'au moindre détail. Son trait réaliste et délicat excelle tout autant à dresser un vaste paysage qu'à nous faire pénétrer dans un grenier/atelier surchargé, dans lequel on sourira en retrouvant quelques références à notre époque, guitare Fender Telecaster ou...fusée Tintin ! Le dessinateur ratisse large, et certaines scènes, comme celle du char du capitaine o'Gordon ont même un petit côté steampunk.
Comme de coutume chez Daniel Maghen, l'éditeur accorde un soin tout particulier à l'objet-livre, ici enrichi d'un très beau cahier graphique, ce qui concourt plus encore à faire de L'Etranger un album indispensable !