Jean-Corentin Carré, l'enfant soldat
Tome 2/3 : 1916 - 1917
Scénario : Pascal Bresson
Dessins : Lionel Chouin
Couleurs : Patrick Larme
Paquet, collection Mémoire 1914 - 1918
En enfer
Verdun 1916, côte 321. Après avoir subi de terribles revers, les soldats français se battent avec acharnement pour refouler l'ennemi à leur point de départ. C'est une guerre où chacun doit reprendre sa propre tranchée. Jean-Corentin Carré, toujours volontaire pour les missions périlleuses, est apprécié de ses hommes. Il est nommé pour une seconde citation au mérite en sauvant au périple de sa vie une grande partie de ses poilus d'une mort annoncée.
Alors qu'une grande part de lui est toujours assoiffée d'héroïsme, ce qui lui vaut une promotion au grade de sergent, le plus jeune des soldats français, plongé dans l'enfer de Verdun, voit peu à peu se fissurer sa cuirasse . Quelques jours de permission ne vont faire qu'amplifier cette tendance chez celui qui côtoie la mort quotidiennement sur le champ de bataille. Tout au fond de lui, Jean-Corentin aspire à redevenir l'enfant qu'il était et à abandonner la fausse identité d'Auguste Duthoy. Pourtant, son attention est attirée par les premiers combats aériens auxquels il assiste...
Le premier volet de ce triptyque a reçu plusieurs récompenses, et on le comprend aisément tant le scénario de Pascal Bresson, basé sur une histoire authentique, donne de cette boucherie que fut la Première Guerre Mondiale et . A Verdun, le danger est partout et les auteurs nous entraînent au milieu des tranchées, au plus près du jeune sergent et de son peloton de poilus bretons. A l'arrière, dans le village natal du héros, le discours des politiciens s'émousse progressivement contre quelques bribes de témoignages venus du front.
Lionel Chouin assure cette fois entièrement le dessin de ce deuxième volet et restitue de manière impressionnante ces ambiances de bataille, partagées entre la boue et le sang. Malgré cette violence, Pascal Bresson nous fait rapidement emboîter le pas de ceux qui deviennent peu à peu des "bêtes à tranchées", passage obligé de leur survie. On assiste ainsi aux combats, mais aussi aux tiraillements qui se précisent chez Corentin. Les changements d'attitude de ce dernier sont parfois saisissants, tant l'uniforme du sous-officier tend à étouffer l'enfant.
L'histoire est très dure, et démontre encore que parfois, la réalité dépasse la fiction. On le regrette presque, tant cette réalité-là est impitoyable, mais les auteurs signent aussi, à travers ce témoignage, un touchant hommage à tous ces soldats, anonymes pour l'Histoire, qui ont combattu pour leurs nations ou pour leurs idéaux.