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Silencieuse(s), par Sybilline Meynet d'après un texte de Salomé Joly, Sybilline Meynet (Perspectives Art 9)

Silencieuse(s)

Scénario : Sybilline Meynet d'après un texte de Salomé Joly
Dessins et couleurs : Sybilline Meynet

Perspectives Art 9

La parole des silencieuses

« Chatte à talon! » Des mots crachés comme ça. A son passage. Mais elle a fait semblant de ne rien entendre. Comme toujours. Avec le recul, ce n’est pas grand-chose… Elle pourrait même trouver la formule assez drôle. Sauf qu’« Elle », c’est Anaïs, Mahé, Zoé, Julie. C’est la copine, la fille, la soeur, la petite amie. C’est vous. C’est moi. Et surtout, c’est banal. .."

Cette banalisation, insidieuse, du harcèlement de rue est le sujet de cet album très particulier de Sibylline Meynet et Salomé Joly publié par la jeune maison d'éditions helvétique Perspectives Art 9. Au départ de celui-ci, le travail de maturité de Salomé Joly, étudiante genevoise. Présenté sous forme de carnet intime, ce travail décrivait les différentes scènes de harcèlement de rues dont sont victimes de nombreuses femmes, témoignages recueillis par l'auteur. 

Sibylline Meynet, dessinatrice, s'est inspirée de ce travail pour le porter en images, sous forme de courtes nouvelles graphiques, avec, à chaque fois, un personnage principal victime de ce type de harcèlement. L'ambiance est généralement sympa, souriante et girly et puis, quand les faits se produisent, Silencieuse(s) nous en fait mesurer l'impact sur la jeune victime. La panique, d'abord, mais aussi un sentiment d'insécurité qui la ronge peu à peu, si pas de honte ou de culpabilité, et la révolte ensuite. Une révolte ô combien légitime face à la blessure causée, et  face à ceux qui semblent y trouver des excuses, si pas une justification ou en venir à accuser la jeune femme de provocation.

Ce thème, déjà évoqué par Thomas Mathieu dans Les Crocodiles (Le Lombard) bénéficie ici d'une approche différente, au départ bien plus douce. Sybilline Meynet rapproche le lecteur de ses personnages, lui fait partager leur quotidien, leurs espoirs, leurs joies... et puis tout dérape.

Son dessin est moderne et plaisant, et ces filles, ben oui, elles ressemblent tellement à celles que l'on peut croiser dans la rue. Et comme l'explique la dessinatrice :  « Quand on m’a proposé de mettre en images l’histoire de Salomé, je n’ai pas hésité. J’ai souhaité illustrer ces situations dans lesquelles mes soeurs, mes amies et moi-même nous nous sommes retrouvées bien des fois. Des situations qui font partie de notre quotidien, qui sont devenues « normales ». Il est désormais important de dire aux garçons comme aux filles que le harcèlement n’est pas acceptable. Nous ne devons pas rester silencieuses, ni silencieux

A noter qu'en Belgique Silencieuse(s) a reçu l’appui du Service Public Fédéral Emploi, Travail et Concertation Sociale. Une exposition sur l'album et le travail des auteures se tiendra dans ses bureaux (Rue Ernest Blerot 1 à 1070 Bruxelles) du 5 septembre au 5 Novembre 2017. Silencieuse(s) a également le soutien de Bianca Debaets, Secrétaire d’Etat à la Région Bruxelles-Capitale, chargée notamment de l’Egalité des chances.

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Pierre Burssens
07/07/2017