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La Révolte des Terres, par Koza, Mousse (Casterman)

La Révolte des Terres

Scénario : Koza
Dessins : Mousse

Casterman

La nuit du charbon

Ferdinand, jeune mineur du Pas-de-Calais, se sent peu concerné par les consignes de grève générale. Mais en 1941, en pleine guerre mondiale, l'heure n'est plus aux hésitations !

La Révolte des Terres nous fait (re)découvrir un épisode assez peu connu de la seconde guerre mondiale. En mai 1941, une grève s'est déclenchée dans le bassin minier du Pas-de-Calais. Du 27 mai au 10 juin, 100 000 mineurs ont cessé de travailler pour protester contre la dégradation des conditions de travail...et par patriotisme. En effet, cette zone, d'une grande importance stratégique pour l'occupant, subissait une administration militaire particulièrement lourde. La grève fut violemment réprimée, entraînant arrestations, exécutions, déportations mais cette période d' arrêt de travail priva l'économie de guerre allemande de 500 000 tonnes de charbon. Elle est aujourd'hui considérée comme la première acttion de résistance collective française à l'occupant nazi.

Sous son pseudonyme de Koza, Maximilien Le Roy restitue cette période à travers l'histoire de Ferdinand, un jeune mineur, et de ses proches. Sa soeur, en juin 1945, le recherche à l'hôtel Lutétia, à Paris, transformé en centre d'accueil des déportés et d'information pour les familles. A partir de cette première séquence, le récit se construit comme un flash-back sur les événements. On assiste au déclenchement de la grève, aux tensions qui la sous-tendent, au rôle peu reluisant de la police et d'un "collabo" jusqu'à l'arrestation de Ferdinand, son emprisonnement à la citadelle de Huy (B) et sa déportation et sa survie à Sachsenhausen, près de Berlin.

Cependant, en passant régulièrement d'un endroit à un autre, d'une période à une autre, le scénario donne l'impression de s'adresser à des lecteurs connaissant déjà le sujet, et il est assez difficile, tel quel, d'en prendre la pleine mesure sans un recours à de la documentation. Un petit dossier historique ou, au moins, un avant-propos, aurait utilement complété la BD.

L'approche graphique de Marion Mousse (pseudonyme de Félix Brune), toute en lavis, surprend au premier abord. L'auteur privilégie l'expressionisme plutôt que le réalisme. L'identification des principaux protagonistes n'est pas toujours aisée mais la construction de certaines planches et leur rendu méritent assurément que l'on s'y attarde. L'emploi de ces multiples nuances de gris et la dureté des visages traduisent parfaitement l'âpreté des situations, la violence et le désespoir de la déportation.

On ne peut rester insensible à l'histoire globale de La Révolte des Terres et aux événements que l'album nous rappelle. On respecte le choix des auteurs qui, par leur abord, lui accordent une valeur symbolique, et, quelque part, universelle, plutôt que purement réaliste et historique. Mais sans doute cette option n'est-elle pas, reconnaissons-le, la plus aisée d'accès.

 

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Pierre Burssens

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04/09/2017