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Valérian vu par... : Shingouzlooz inc., par Wilfrid Lupano d'après Mézières et Christin, Mathieu Lauffray (Dargaud)

Valérian vu par...

Shingouzlooz inc.

Scénario : Wilfrid Lupano d'après Mézières et Christin
Dessins et couleurs : Mathieu Lauffray

Dargaud

Boulette universelle...

À la suite d'une malencontreuse partie de cartes, les Shingouz perdent la propriété de leur société, La Shingouzlouz.Inc. Or il se trouve que cette société, à cause d'une approximation dans l'interprétation des lois intergalactiques, est détentrice de la Terre ! Valérian – par ailleurs très préoccupé par sa future retraite d'agent spatio-temporel – et Laureline doivent rattraper cette bourde et convaincre le nouveau propriétaire, un certain Sha-Oo, « l'Assoifeur de mondes », de la restituer à Galaxity.

Hasard (?) des calendriers éditoriaux, après une belle relance boostée par le film de Luc Besson, Valérian voit sa deuxième déclinaison en album par des auteurs s'inspirant de l'oeuvre de Jean-Claude Mézières et Pierre Christin, créateurs de la série. Sans surprise, Wilfrid Lupano et Matthieu Lauffray se glissent plus naturellement et fidèlement dans les codes de celle-ci que Manu Larcenet et sa très décalée Armure du Jakolass.

A la lecture des premières pages de Shingouzlooz inc. il est bien difficile d'imaginer vers quoi va nous conduire le scénario de Wilfrid Lupano. En effet, le récit ne manque ni de rebondissements ni de changements de cap et pourtant tout se tient solidement pour une aventure menée tambour battant. Le duo Valérian-Laureline fonctionne bien, les craquants Shingouz signent une gaffe de dimension planétaire si pas universelle, les nouveaux personnages et créatures ne dépareraient pas le guide des habitants du ciel dessiné par Mézières et l'improbable Monsieur Albert crapahute comme il peut en compagnie des célèbres agents spatio-temporels. Fidèle à l'esprit de Christin, le scénariste dose habilement humour et aventure, en dénonçant au passage quelques malheureuses réalités actuelles comme les jeux dangereux de la haute finance, les paradis fiscaux ou la pollution des océans.

Mathieu Lauffray adapte son dessin à ce difficile exercice de la reprise, même pour le temps d'un album. Globalement, son apport penche davantage vers le réalisme. Valérian et Laureline paraissent ainsi plus adultes sous son trait. Mais le dessinateur sait également ménager une part humoristique pour certains personnages ou véhicules spatiaux, comme le thon quantique, le vaisseau des Shingouz ou la R4 (!) de Monsieur Albert. Sur un découpage très dynamique, Lauffray nous offre aussi quelques fort beaux décors et certaines planches particulièrement spectaculaires.

Au final, plus qu'une reprise très réussie, on a la sensation d'avoir là...un excellent Valérian ! Les derniers tomes de la série originale souffraient, il est vrai, d'un évident essoufflement et on retrouve ici les agents spatio-temporels au meilleur de leur forme, dans une approche certes plus actuelle (n'oublions pas que Valérian est apparu pour la première fois dans Pilote en 1967), mais totalement respectueuse de l'univers de Mézières et Christin. Réjouissant !

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Pierre Burssens

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04/10/2017