Batman

Tome 1/2 : The Dark Prince Charming

Scénario, dessins et couleurs : Enrico Marini

DC / Dargaud

Pour Alina...

Quel lien secret Batman et le Joker partagent-ils avec une petite fille mystérieuse ? Kidnappée par le Joker, le Chevalier noir doit plonger dans les profondeurs de Gotham City et s'engager dans une course contre la montre pour la retrouver. Les enjeux sont importants, et pour Batman, c'est personnel !

Voilà donc le Batman tant annoncé par les éditeurs et attendu par les admirateurs d'Enrico Marini. Nombre de dessinateurs de comics, agents aidant, tâtent de notre bd franco-belge avec plus ou moins de bonheur. Mais il est nettement plus rare que le chemin inverse soit parcouru par nos auteurs. Plus encore pour donner leur version d'un personnage aussi emblématique que Batman, chevalier noir de DC Comics créé par Bob Kane et Bill Finger en...1939 !

Choisi par DC Comics, Enrico Marini prend visiblement plaisir à l'exercice, comme le démontre déjà son amusant avant-propos. Et dès les premières pages tournées, cela devient une évidence. On pouvait en effet se demander comment l'auteur des Aigles de Rome et dessinateur du Scorpion allait aborder ce défi. Allait-il conserver son cap graphique caractéristique et très reconnaissable ou s'adapter au cahier des charges bien spécifique du style Comics ? Enrico Marini a plutôt opté pour un beau compromis susceptible de satisfaire ses lecteurs comme ceux des bds U.S.

En effet, tout en veillant à un rendu plus "brut" et spontané, Marini conserve l'élégance de son dessin (voyons notamment les attitudes de sa Catwoman !). Sa mise en images est diablement efficace sans jamais tomber dans les excès du "spectaculaire à tout prix" qui parfois, pour certaines séries américaines, fait pencher la balance du côté de la caricature. L'auteur anime une aventure de Batman (prévue en deux tomes) mais, on le ressent, rend aussi un bel hommage à un héros et  un univers devenus mythiques. 

En un album, il bat le rappel de nombre de personnages de celui-ci : Batman, bien sûr, Alfred et Gordon, mais du côté des "costumés" Catwoman, Harley Quinn, Killer Croc et la bande de sinistres clowns truands (ou l'inverse) menée par un extraordinaire Joker. On pensait que tout avait été dit au sujet du pire psychopathe du 9e Art, et pourtant on a l'impression que Marini nous en apprend encore quant à ce monstrueux allumé, comme sur cette dernière planche où, en nous faisant assister à son maquillage, il nous offre une glaçante proximité avec le bonhomme.

Alors que les Comics gagnent des parts sur le marché de la BD, emmenés par The Walking Dead et renforcés par les films produits par Marvel et DC, Enrico Marini réussit son pari et signe un Batman qui devrait à la fois plaire aux fans du justicier de Gotham City et en convaincre de nouveaux. Il serait maintenant intéressant de voir comment ce premier tome du Dark Prince Charming sera reçu de l'autre côté de l'Atlantique, auprès de "son" public traditionnel...