Les Enfants de la Résistance
Tome 4 : L'escalade
Scénario : Vincent Dugomier
Dessins et couleurs : Benoît Ers
Le Lombard
L'étoile jaune
François, Lisa et Eusèbe ont accompli la plus grande victoire du Lynx en détruisant l'usine de recyclage de cuivre. Mais leur contact avec la résistance est abattu, et l'heure est plus grave que jamais. Ils doivent maintenir le réseau qu'il a mis en place, et surtout le développer en assurant le bon acheminement d'un émetteur-récepteur, lequel leur permettrait de communiquer avec Londres !
Le climat de guerre s'assombrit encore, en ce premier semestre 1942, période pendant laquelle se déroule L'escalade. La résistance se structure, Laval pousse Pétain vers plus de collaboration, le persécution des juifs se poursuit et la solution finale se met en place, soutenues par les premières grandes rafles, dont celle du vel' d'hiv' à Paris. Pour nos trois Enfants de la Résistance, dans un tel contexte, les missions se poursuivent et s'amplifient. Au coeur même de leur village, le notaire qui s'est occupé de la succession du papa de François est dénoncé comme juif par un mystérieux et bien noir corbeau. Les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles alors que Lisa, Eusèbe et François grandissent et entrent peu à peu dans l'adolescence.
L'escalade se révèle un album particulièrement riche. Vincent Dugomier conjugue habilement tous les éléments précités pour nous livrer un récit de 46 planches sensible, dense et remarquablement construit. La persécution des juifs qui s'organise et touche de près les trois héros constitue l'un des moteurs de cet épisode.
Le sujet est cependant traité avec retenue -on est dans une BD tous publics- mais les paroles immondes glissées dans la bouche de deux soldats allemands suffisent à démontrer la monstruosité de ce qui se met en place. Ce que vérifiera Eusèbe lors d'un passage à Paris, en assistant indirectement à la rafle du vel' d'hiv' en juillet 1942. La tragédie de la guerre est donc de plus en plus présente et pourtant, entre grande et petite histoire, les auteurs, en nous narrant l'aventure des jeunes résistants, impriment toujours à la série une fort agréable fraîcheur.
Graphiquement, Benoît Ers surprend à nouveau en affinant et précisant encore son trait. Sa maîtrise des couleurs impressionne elle aussi. L'ensemble nous vaut quelques très belles planches et scènes, avec d'agréables parenthèses campagnardes glissées parmi la dureté et les nombreuses péripéties de L'escalade.
La qualité globale de la série Les enfants de la résistance a été maintes fois saluée (et récompensée). Mais ce quatrième album, qui pourrait en constituer un tournant, surpasse encore les trois précédents. Une vraie réussite !