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Midi-minuit, par Doug Headline, Massimo Semerano, collection Aire Libre (Dupuis)

Midi-minuit

Scénario : Doug Headline
Dessins et couleurs : Massimo Semerano

Dupuis, collection Aire Libre

Le mystère Luisa

1999. Deux cinéphiles français, François Renard et Christophe Lemaire, passionnés de cinéma bis, s'apprêtent à vivre une belle aventure : se rendre en Italie pour y interviewer le réalisateur Marco Corvo, cinéaste mythique que nul n'a revu depuis vingt-cinq ans, après son dernier film inachevé. D'abord impressionnés par Corvo, les deux Français vont vite se trouver captivés. En parallèle, dans leur sillage, débute une série de meurtres sanglants. Toutes les victimes, retrouvées brûlées, étouffées sous des films ou les yeux crevés, sont des critiques de cinéma ayant autrefois vilipendé les films de Corvo.

Des années 60' aux années 80, l'Italie a vu se développer une production cinématographique foisonnante, souvent méprisée par les critiques. Le cinéma-bis transalpin se déclinait en mutiples sous-genres, notamment en peplums, westerns...spaghetti et gialli, polars/thrillers à tendance parfois horrifique. Ces films étaient généralement réalisés rapidement, avec de fort petits budgets, mais rencontraient auprès du public un réel succès de cinéma populaire. Midi-minuit nous plonge dans cet univers un rien kitsch, mais qui vit tout de même émerger des réalisateurs tels que Sergio Leone.

Avec pour fil rouge l'interview d'un réalisateur retiré depuis 25 ans par deux passionnés, Doug Headline évoque largement cette période créative, et Marco Corvo, s'il parle de sa carrière et de ses films, cite de nombreuses anecdotes et confrères, bien réels ceux-là. Le charme (rétro) opère, tant l'histoire est bien menée, et l'aspect polar de Midi-minuit est finalement assez secondaire, bien qu'il n'eût pas déparé un giallo, justement. Les affiches sont défraîchies, les salles de projection sentent un peu le renfermé, la pellicule est pâlie, mais parce qu'on a tous vu au moins un ou deux films relevant de ce domaine (et écouté des vieux disques d'Ennio Morricone), c'est une forme de nostalgie souriante qui nous accompagne tout au long des 150 pages de ce savoureux roman graphique.

Massimo Semerano, peu connu chez nous, rend lui aussi un bel hommage à cette forme de cinéma. Au détour des cases, il mêle à son agréable dessin affiches et photos de films. Le découpage est (forcément) cinématographique et  pour peu que l'on soit sensible au sujet, il est difficile de lâcher l'album une fois sa lecture entamée. Un intéressant dossier documentaire le complète et ne donne qu'une envie une fois le livre refermé : se refaire une bonne vieille toile !

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Pierre Burssens

Du même scénariste :

La Princesse du Sang - T1, par Jean-Patrick Manchette et Doug Headline, Max Cabanes

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13/07/2018