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Layla : Conte des marais écarlates, par Jérémy, Mika (Dargaud)

Layla

Conte des marais écarlates

Scénario : Jérémy
Dessins : Mika
Couleurs : Hamo, Alexandre Boucq et Mika

Dargaud

Beauté fatale

Grenoye, surnommé « Grenouille », vit à Nosgrey, la capitale autrefois resplendissante mais aujourd'hui déchue du royaume de Flyne Yord. Il habite là, dans une maison délabrée, avec sa mère, abandonnée par son mari et rongée par le chagrin. Le jeune homme n'a qu'un seul but, qui vire à l'obsession : retrouver Layla, une femme mystérieuse, à la beauté incomparable, qu'il a rencontrée un jour, par accident, dans les Marais écarlates. Mais Grenoye n'est pas le seul à être fasciné par cette créature à l'aura maléfique. 

Si le roman de Marcel Aymé a popularisé la Vouivre, cette créature est présente dans plusieurs légendes anciennes. Aujourd'hui Jérémy et Mika en donnent leur interprétation dans Layla en projetant ce personnage aussi fascinant qu'inquiétant au coeur d'un riche récit de Dark Fantasy. En effet, autour de la relation entre Layla et Grenoye, Jeremy, qui dévoile ici ses qualités de scénariste, a développé l'histoire de Flyne Yord. Aux mains du roi Ragnar Falx, le royaume s'est affaibli. Mais quand sa fille Syrenia accède au pouvoir, les ambitions et la soif de conquête de la jeune reine se révèlent cruellement, et la possession de la fameuse escarboucle, pierre magique en possession de Layla, devient un important enjeu. 

Créature magique, personnages inquiétants (mention spéciale aux soeurs Siebenowl !), sorcellerie, complots, trahisons, batailles...ce Conte des marais écarlates condense en 96 pages de quoi ravir les amateurs du genre. Ils s'y retrouveront en terrain familier, certes, mais entraînés dans un scénario bien construit.

Certains éléments peuvent au départ sembler sans beaucoup de rapports entre eux, mais l'intrigue, peu à peu, se charge d'assembler les pièces du puzzle. Seules les deux pages d'explications des origines de Layla et Ananta, en fin d'album, viennent hélas alourdir (légèrement) une histoire prenante dès ses premières planches. Son ambiance fait, elle, immanquablement penser à celle de la Complainte des landes perdues. On connaît évidemment le rôle de Jérémy au sein de cette série et il existe, avouons-le, de pires références !

La mise en images de Mika est particulièrement soignée. Le dessinateur développe tout aussi bien les aspects spectaculaires que l'on attend de ce type d'histoire que des séquences plus intimistes jouant davantage sur les atmosphères. On apprécie aussi la beauté de ses décors et leur inventivité, comme l'arbre et le lac de Khag Bralia ou encore la "prison" d'Anarta. Côté couleurs, par contre, les contrastes de palettes entre telle ou telle scène, même s'ils ont pour objectif d'en renforcer la dramaturgie, semblent pafois un rien excessifs. 

Nous ne vous dévoilerons pas la pirouette scénaristique finale, mais nul doute que, comme la vouivre, elle hantera longtemps certains amoureux de Layla - conte des Marais écarlates.


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Pierre Burssens

Du même auteur :

 - T1: Nigredo, l'oeuvre au noir, par Alejandro Jodorowsky, Barracuda - T5: Cannibales, par Jean Dufaux, Barracuda - T4: , par Jean Dufaux, Barracuda - T3: Duel, par Jean Dufaux,

Pour en savoir plus : Le blog de Mika

04/10/2018