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De la nécessité d'avoir un ours chez soi, par Debuhme (Le Lombard)

De la nécessité d'avoir un ours chez soi

Scénario, dessins et couleurs : Debuhme

Le Lombard

Un coup de patte ?

Oui, Jules a un ours chez lui, et alors ? Qu'est-ce que ça change à son quotidien finalement ?  Sa mère est plus préoccupée par la précarité de sa vie d'écrivain célibataire que par son nouveau colocataire... et pour son psychanalyste, cela confirme son trouble de la personnalité. Mais il y a aussi Alice, la jeune femme activiste qui tente de ramener l'ours dans son milieu naturel ou Amédée, le concierge qui ressort son attirail de chasseur pour compléter son mur de trophées. Jules, lui, tout ce qu'il désire, c'est qu'on les laisse vivre en paix...

Ami imaginaire ? Double psychanalytique ? Plantigrade réel ? Qui donc est Ernest, l'ours débonnaire qui partage la vie de Jules ? Ces questions, on se les pose tout au long de De la nécessité d'avoir un ours chez soi, première BD de Debuhme, par ailleurs dessinateur de presse.

Jules, tout ce qu'il désire, c'est de vivre à l'écart des dictats d'une socité à laquelle il a le sentiment de s'être trop longtemps conformé. Et si Ernest était l'image de cette envie de liberté ? Pourtant d'autres protagnistes de l'album semblent percevoir la présence de l'ours mais préfèrent l'écarter ou, au pire, cherchent à l'éliminer.

Debuhme joue habilement avec le lecteur dans un scénario sensible, plein d'humour et qui met en scène de fort sympathiques personnages. Jules et Ernest constituent un étonnant duo que l'auteur place face aux situations du quotidien, situations banales mais transcendées par la présence d'un ours, et qui, quelque part, mériteraient peut-être qu'on y fasse davantage attention. Dès qu'Ernest pose la patte quelque part, les choses semblent différentes. Et s'il était là, justement, pour donner un coup de patte salutaire à Jules ?

L'auteur anime cette histoire amusante d'un trait de crayon spontané, moderne et très vivant. Ses couleurs douces complètent un ensemble qui s'inscrit hors des sentiers battus mais qui séduit assurément par son originalité et la qualité de son approche. Des caractéristiques qui ont conquis le jury du Prix Raymond Leblanc 2016 qui l'ont attribué à De la nécessité d'avoir un ours chez soi. 

A découvrir et savourer !


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Pierre Burssens
05/10/2018