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La petite fille qui voulait voir la guerre, par Jean-Yves Le Naour, Christelle Galland (Grand Angle)

La petite fille qui voulait voir la guerre

Scénario : Jean-Yves Le Naour
Dessins : Christelle Galland
Couleurs : Sandrine Cordurié

Grand Angle

Clémence, cent ans plus tard...

Clémence a 10 ans et vit à Charnay-Lès-Mâcon. Elle doit présenter un exposé à sa classe, mais n’a aucune idée de ce dont elle peut parler. En passant devant le monument aux morts, elle remarque son nom de famille. Elle a donc un ancêtre qui est mort pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Le voilà son sujet d’exposé ! En cherchant dans le grenier de ses grands-parents, mais aussi dans les archives départementales, Clémence va faire connaissance avec son aïeul et découvrir une autre histoire de la Grande Guerre, celle que l’on ne voit jamais : celle de l’arrière, loin des tranchées.

Perpétuant la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour la nation, les monuments aux morts des deux guerres mondiales font hélas, pour beaucoup, partie du paysage. Hormis lors des cérémonies officielles, rares sont ceux qui viennent s'y recueillir ou se réimprégner de leur signification première. Quand Clémence découvre son nom sur celui de Charnay-Lès-Mâcon, la petite fille entame des recherches pour comprendre et aller à la rencontre de son ancêtre. Une quête qui l'amène à découvrir la correspondance établie par une autre Clémence, la fille du soldat, alors que celui-ci est tombé au combat en août 1914. A travers ces lettres, Jean-Yves Le Naour, spécialiste de la Grande Guerre, retrace la vie des civils pendant ces premiers mois de conflit. 

Alors que de très nombreux ouvrages existent quant aux aspects militaires de la Première Guerre Mondiale, la vie civile est, elle, rarement expliquée. Femmes et enfants, à l'arrière, remplacent les hommes dans les tâches qui sont habituellement les leurs, et c'est à une sorte de véritable réorganisation sociale que l'on assiste. Les doutes sont pourtant là, l'attente de nouvelles est interminable et la peur n'est jamais loin, même si on ne se trouve pas dans les tranchées et que la propagande alimente les illusions

Bien construit, le scénario raconte cette existence difficile, loin du front, comme les démarches entreprises par la Clémence d'aujourd'hui. De part et d'autre on en apprend beaucoup. De plus, les deux Clémence sont des personnages attachants, et si quelques séquences souriantes jalonnent l'album, l'émotion, surtout, y est omniprésente. L'action est située à Charnay-Lès-Mâcon, fief des éditions Bamboo. On découvre ainsi quelques spécificités locales, mais ailleurs,les conditions de vie ne devaient tout de même pas être très différentes.

Le dessin de Christelle Galland est plaisant et dynamique et convient bien à cette mise en image du destin de deux gamines craquantes. Sandrine Cordurié le complète d'une palette lumineuse. Les événements relatés sont graves mais jamais, ni dans le texte ni dans le dessin, on ne bascule dans le sinistre. Voilà assurément une lecture à recommander en cette avant-veille du centenaire de l'armistice, ce 11 novembre 2018.

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Pierre Burssens

Du même dessinateur :

Le Fils de l'Officier  - T1: , par Patrick Cothias et Patrice Ordas, Christelle Galland
09/11/2018