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Double 7, par Yann, André Juillard (Dargaud)

Double 7

Scénario : Yann
Dessins et couleurs : André Juillard

Dargaud

Amis ou ennemis ?

Hiver 1936. L'Espagne est en pleine guerre : les Républicains s'opposent aux Nationalistes de Franco. Désireux de soutenir le gouvernement espagnol, Staline fournit plusieurs chasseurs de type « Mosca » aux Répubilicains. Roman Kapulov est l'un des aviateurs envoyés par la Russie et remporte victoire sur victoire, ce qui lui vaut le surnom d' « El rey de las Moscas ». Intervenant alors que des religieuses se font brutaliser par des soldats espagnols, Roman rencontre la belle Lulia Montago, jeune milicienne que sa réputation précède. Il ne faut qu'un seul regard pour que Roman et Lulia tombent éperdument amoureux.

Yann et Juillard nous emmenènent cette fois dans un contexte historique relativement peu connu, celui de la guerre d'Espagne et surtout du camp républicain, rassemblant des volontaires -parfois mercenaires- de différentes nationalités, mais victime indirecte de la volonté hégémonique communiste de Staline, ce qui y crée d'importantes dissensions entre différentes factions. Alors que les atrocités se multiplient dans ce funeste prélude à la deuxième guerre mondiale, Yann s'attache particulièrement à l'itinraire d'un jeune as de l'aviation soviétique qui, peu à peu, voit ses idéaux vaciller. Sa rencontre avec Lulia Montago, officier des Mujeres Libres, va déboucher sur une histoire d'amour qui, vu les circonstances, semble dès le départ vouée à la tragédie.

Le scénario de Yann, très documenté, prend son temps pour planter le décor de Double 7. Certaines planches peuvent sembler fort bavardes, mais les nombreux dialogues fournissent beaucoup d'explications quant au déroulement du conflit et aux forces en présence. Il serait autrement peu aisé pour quelqu'un ne connaissant pas cette période de s'y retrouver et de prendre la pleine mesure des événements relatés.

L'idée de mettre en scène Ernest Hemingway et Martha Gellhorn participe au même objectif, autant qu'à celui de faire intervenir des personnages authentiques connus.

On découvre et on apprend ainsi beaucoup de choses tout au long des 64 planches de cet album, dans une atmosphère de trahison et de chaos fort bien restituée, le danger pouvant autant surgir de son propre camp que de celui de l'ennemi. Les exploits aériens de Roman ne sont donc pas au centre du récit, mais celui-ci n'en est pas moins riche en suspense et en retournements de situation, jusqu'à se greffer à un épisode historique particulièrement tragique, universellement connu grâce à un célébrissime tableau de Picasso, et à une dernière planche offrant une conclusion qui laisse élégamment briller l'espoir.

Cette élégance, elle est évidemment également omniprésente dans le trait irréprochable d'André Juillard. Ses personnages sont expressifs et bien caractérisés. L'auteur met également la finesse et la précision de son dessin au service d'avions et véhicules jusque-là peu représentés en BD. Le style Juillard est immédiatement reconnaissable, soutenu par une mise en couleurs directe. Le duo nous avait déjà offert un remarquable Mezek (Le Lombard), et sa collaboration donne à nouveau lieu à un album particulièrement riche. On regrettera juste l'utilisation - qui peut parfois devenir agaçante- de trop nombreuses expressions russes ou espagnoles dans les dialogues .

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Pierre Burssens

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19/11/2018