RIP
Tome 1 : DERRICK - je ne survivrai pas à la mort
Scénario : Gaët's
Dessins et couleurs : Julien Monier
petit à petit
Sale boulot
Des gens meurent parfois dans l’indifférence générale. Ces gens qui n’ont pas de famille, pas d’entourage, pas d’ami. Ils vont parfois rester longtemps chez eux avant qu’on ne les découvre. Heureusement la société qui emploie Derrick et ses collègues est chargée de faire le ménage avant que toute la famille ne défile. Ce qu’ils découvrent n’est pas toujours beau à voir…
Même si les docu-BDs occupent aujourd'hui la majeure partie du catalogue des éditions petit à petit, celles-ci ne délaissent pas pour autant les albums classiques. Ce premier tome de RIP sort ainsi franchement des sentiers battus. En effet, si certains films ou documentaires ont exploité le travail de ces "nettoyeurs" de manière plus ou moins édulcorée, peu de détails nous sont épargnés dans ce DERRICK - je ne survivrai pas à la mort. Gaët's et Monier nous plongent dans une ambiance glauquissime en nous faisont découvrir Derrick (non, rien à voir avec cet inspecteur de police mollement télévisuel !) et son équipe, qui interviennent sur le terrain juste avant le passage des pompes funèbres.
Gaët's prend son temps pour nous faire partager le quotidien de ce groupe hétéroclite, dont les membres ont parfois de drôles de motivations. La première partie de l'album s'avère ainsi lente et poisseuse, et on se demande à plusieurs reprises vers quoi nous conduit l'histoire. Heureusement, l'intrigue démarre vraiment avec la disparition d'une bague de grande valeur chez une vieille aristocrate, et le retour d'un héritier-surprise. Dès lors, des éléments passés quasi inaperçus s'assemblent comme les pièces d'un puzzle, certaines personnalités se révèlent et quelques cadavres s'ajoutent à ceux des clients traditionnels de la société qui emploie Derrick et ses collègues. Avec plusieurs coups de théâtre, on gagne en suspense, les vivants dévoilent toute leur noirceur et le lecteur ne peut que constater que le scénariste avait bien caché son jeu jusque-là !
Le dessin de Julien Monier colle parfaitement à ce roman graphique très très noir et nous campe des personnages présentant sans le moindre doute les gueules de l'emploi. La palette de couleurs choisie renforce elle aussi l'atmosphère étouffante de RIP. Cependant, bien qu'il s'agisse d'un contexte vraiment particulier, on se dit qu'on remettra ça avec le tome 2 au titre évocateur : MAURICE - les mouches suivent toujours les charognes. Parce que ce premier album donne envie d'en savoir plus et que RIP, précisons-le, comporte aussi une part d'humour...très très noir !