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Bouts d'ficelles, par Olivier Pont (Dargaud)

Bouts d'ficelles

Scénario et dessins : Olivier Pont
Couleurs : Laurence Croix

Dargaud

Nuit agitée

Dans le métro, un jeune homme anonyme et timide croise le regard d'une jeune femme : c'est le point de départ d'une suite de petits événements qui se dérouleront sur un laps de temps court (une nuit) et continu, comme un plan séquence ponctué de rencontres inattendues. Révélé par Où le regard ne porte pas, Olivier Pont poursuit depuis un parcours singulier dans le monde de la BD, un peu à l'image de Thibault, héros malgré lui de cet étonnant Bouts d' ficelles

Un regard à une jolie fille dans le métro, une bousculade, des sacs de litière pour chats qui se déchirent, la rencontre avec Judith, puis une vielle dame et...ses trois chats, l'embarquement pour un braquage...autant d'éléments auxquels Thibault n'était pas préparé, lui qui ne demande qu'à rentrer chez lui et pourtant, sa folle nuit ne fait que commencer et va l'entraîner, au gré de rencontres pittoresques, dans des situations de plus en plus rocambolesques

Comme l'explique l'auteur, le scénario de Bouts d' ficelles s'est construit progressivement, au cours de la réalisation de l'album. Olivier Pont a développé son histoire à la manière des feuilletonistes, sans vraiment savoir, d'une séquence à l'autre, où elle le mènerait, et en faisant confiance à son inspiration du moment. Une idée audacieuse dont on découvre, à la lecture de l'album, le bon fonctionnement.

En effet, c'est dans une suite virevoltante d'événements à l'enchaînement toujours surprenant que le personnage principal, comme le lecteur, se voit entraîné. Comédie, polar, satire et poésie (cette superbe séquence sur les toits de Paris avec Mannie...) s'y entremêlent et s'y succèdent à un rythme effréné. On va ainsi de surprise en surprise et on ne se rend pas vraiment compte en refermant l'album, quelque peu apaisé, que l'on vient de parcourir plus de 120 pages.

Graphiquement, l'auteur amplifie ce dynamisme en adoptant un dessin semi-réaliste très efficace davantage jeté et spontané que dans ses précédents livres. Même les phylactères donnent l'impression de filer à toute allure, leur tracé mangeant parfois une partie des dialogues (que l'on peut cependant deviner) comme si ces derniers n'avaient pas le temps de se développer totalement afin de se plier à la cadence décoiffante de l'action.

Aussi surprenant que réussi !


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Pierre Burssens

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